Israël fait face aujourd'hui à d’importantes contradictions. D’un côté, le pays est profondément fragilisé de l’intérieur, à la fois par la mise en examen sous trois chefs d’accusation de son Premier ministre et par l'incapacité des partis politiques à former un nouveau gouvernement. De l’autre, Israël est aussi renforcé par la reconnaissance par les États-Unis (et uniquement par eux), du caractère légal des colonies israéliennes installées sur les territoires palestiniens. Quelles peuvent en être les conséquences et quel avenir pour la vie politique israélienne ? Dominique Moïsi, conseiller spécial géopolitique de l’Institut Montaigne, répond à nos questions.
Comment expliquer le changement de politique de l’administration américaine, qui considère désormais que les colonies israéliennes en Cisjordanie ne sont pas contraires au droit international ?
Il est tout d’abord nécessaire de dire que la décision américaine de reconnaître les colonies de peuplement comme parfaitement légales ne change en aucun cas leur statut aux yeux du droit international. Cette décision, qui va à l’encontre des positions réaffirmées par l’Union européenne, s’inscrit en réalité dans une logique de continuité unilatérale américaine, servant ses propres intérêts.
Il n’est pas question ici de quelconque résolution des conflits. J’identifie deux raisons pouvant expliquer un tel positionnement à ce moment précis.
- Premièrement, en matière de politique étrangère, Donald Trump souhaite soutenir Benjamin Netanyahou dans un moment difficile et décisif de sa carrière politique.
- La deuxième raison, et la principale selon moi, se joue du côté du calendrier électoral américain. L’objectif est, pour Donald Trump, de renforcer le soutien des évangélistes à sa candidature. Ceci indique, une fois de plus, que le Président américain fait évoluer sa politique étrangère en fonction des urgences de son calendrier politique.
Cette décision est par ailleurs un symbole important pour la droite israélienne : l’idée que l’occupation des territoires de Palestine par Israël est, depuis le début, non seulement juste aux yeux de l’histoire, mais aussi légale.
À travers ce positionnement, les États-Unis ne font, et c’est plus grave encore, qu’encourager les positions de la Russie de Poutine sur la Crimée et celle du Premier ministre indien, Narendra Modi, sur la question du Cachemire. De façon plus générale, cette prise de position permet à Donald Trump d’affirmer la ligne directrice de sa politique : la force crée le droit.
La solution à deux États était-elle encore envisageable ?
Cette dernière décision américaine apparaît comme le dernier clou dans le cercueil de la solution à deux États. Comment envisager un État palestinien, ou même des négociations avec la Palestine, si les États-Unis concèdent tout aux positions de la droite israélienne ?
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