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13/06/2016

Union de l'énergie : comment relancer la machine ?

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Union de l'énergie : comment relancer la machine ?
 Institut Montaigne
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A l'occasion de la réunion des ministres européens de l'énergie le 6 juin dernier à Bruxelles, Jean-Paul Tran Thiet, président du groupe de travail de notre rapport Nucléaire : l'heure des choix, répond à nos questions au sujet de la sécurité d'approvisionnement et de la stratégie européenne de l'énergie.


La stratégie européenne en matière de sécurité énergétique se limite-t-elle aux problématiques de l'approvisionnement en gaz ?


Bien sûr que non ! Certes, la sécurité d’approvisionnement de l’Europe en gaz est un sujet de préoccupation, face à l’épuisement des gisements de la Mer du Nord et au refus de plusieurs pays - dont la France - de connaître leurs réserves en gaz de schistes. En effet, on peut légitimement s’interroger sur la stabilité politique de nos principaux fournisseurs, l’Iran, la Russie et l’Algérie. Que l’un de ces pays face défaut et l’approvisionnement de l’Europe pourrait devenir difficile.

Mais la sécurité énergétique européenne doit avant tout reposer sur la diversification de ses sources d’énergie et celle des zones géographiques d’origine de ses énergies importées. Il s’agit donc, pour l’Europe, de définir son bouquet énergétique en misant sur cette double diversité. Sa sécurité reposera sur un bouquet où se combineront les combustibles fossiles (de préférence en prohibant le charbon, compte tenu de son impact négatif sur le climat), les énergies renouvelables et le nucléaire.

Quelles sont les conditions nécessaires à la construction d'une Union de l'énergie ?

Aucune Union de l’Énergie ne sera possible aussi longtemps que les États membres de l’Union européenne prétendront conserver une souveraineté totale sur la composition de leur bouquet énergétique national.

Cela ne signifie pas que les institutions bruxelloises doivent être les décideurs uniques à la place des pays de l’Union. Le principe de subsidiarité doit pouvoir s’appliquer, en matière de politique énergétique comme dans les autres domaines. Mais il ne doit pas occulter le principe de solidarité. La solidarité consiste à ce que chaque État tienne compte, lorsqu’il définit ses priorités énergétiques, de l’impact qu’elles peuvent avoir sur ses voisins, par exemple des effets qu’elles auront sur la sécurité de leurs réseaux électriques ou gaziers ou sur le niveau de leur pollution atmosphérique, ainsi que des conséquences sur les priorités globales définies au niveau européen.

Personne, aujourd’hui, ne conteste la pertinence des trois piliers sur lesquels repose la politique énergétique européenne : la sécurité d’approvisionnement, la compétitivité économique et le développement durable. Les États européens doivent donc admettre que leurs choix soient évalués au regard de leur cohérence avec ce triptyque.

En résumé, l’Union de l’Énergie supposera une bonne articulation entre le principe de solidarité et le principe de subsidiarité.

Quel rôle le nucléaire peut-il jouer dans ce processus ?


L’énergie nucléaire satisfait aux trois critères définis par la politique énergétique européenne :

  • du point de vue de la sécurité d’approvisionnement, l’uranium est abondant et réparti dans des zones géographiques diversifiées et sûres, notamment des pays de l’OCDE ; le nucléaire est également la seule source qui permette de fournir de l’électricité « en base », c’est-à-dire disponible en grande quantité et à haute tension, tout au long de l’année ;
  • du point de vue de la compétitivité, l’électricité d’origine nucléaire fournit et fournira une énergie abondante et bon marché, même dans les hypothèses les plus pessimistes, en termes de coûts de démantèlement et de stockage des déchets ;
  • du point de vue du développement durable, elle contribue à la limitation des émissions de carbone, qui constituent aujourd’hui la menace majeure sur l’environnement.


L’énergie nucléaire doit donc faire partie des choix énergétiques européens, aux côtés des énergies renouvelables et des autres sources moins carbonées, telles que le gaz.

Pour aller plus loin

Nucléaire : l'heure des choix

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