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16/05/2008

Réformer pour la croissance

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 Philippe Manière
Auteur
Président-fondateur de Footprint > consultants

Ce jeudi, l’INSEE a publié de bons chiffres pour la croissance tandis que dimanche se tiendra le séminaire gouvernemental sur les finances publiques. Faut-il se montrer optimiste sur l’état de l’économie française et… sur l’avancement de la réforme ?

Un gouvernement tout sourire

Près d’un an après son installation, l’équipe au pouvoir, qui a traversé pas mal de turbulences, peut enfin, Nicolas Sarkozy et Christine Lagarde en tête, afficher une forme de sourire … Contre toute attente, les derniers chiffres sur l’état de l’économie sont plutôt bons. Certes, rien ne dit que cela va durer. Mais, politiquement, cette embellie permet de redonner un peu de crédit aux premières mesures du président, le fameux « paquet TEPA » (avec les heures sup’ défiscalisées, le bouclier fiscal ou encore le crédit d’impôt sur les intérêts d’emprunts immobiliers), qui était de plus en plus contesté. La bonne tenue de l’économie n’est certainement pas intégralement liée à ces mesures, mais il n’y a pas de doute que, compte tenu du retournement conjoncturel intervenu à l’automne, ce paquet n’a pas fait de mal…

De la crise financière à la crise économique

Et maintenant ? Les économistes le disent tous, et même François Fillon le reconnaît, le plus dur reste à venir… Dominique Strauss-Kahn, le Directeur général du FMI, a annoncé jeudi que, sur le plan mondial, l’essentiel de la crise financière était derrière nous, mais que la crise économique, en revanche, était encore à venir pour l’essentiel. Donc le contexte international risque toujours de peser lourd sur la croissance française en 2008.

Le temps de la réforme

Cette situation, meilleure que prévue mais instable, peut créer une excellente dynamique pour réformer. Car, au-delà des chiffres trimestriels, notre croissance de long terme demeure faible : 2% par an à peu près pour l’Hexagone, contre 3% pour les pays comparables. Ce point de différence n’est pas une fatalité et justifie une véritable action politique !

Rebondir sur la conjoncture

C’est dans ce contexte que le Premier ministre tient ce dimanche un séminaire gouvernemental pour aborder l’état des finances publiques et la réforme de l’Etat. Il y aura sans doute un rappel à l’ordre et un peu de recadrage de l’équipe après quelques couacs et une période agitée sur le plan social. Mais François Fillon a surtout l’intention de confirmer sa volonté de poursuivre les réformes. J’avoue que mon secret espoir, c’est de voir dans le budget 2009, dont la confection est en train de commencer, un vrai effort d’assainissement des finances publiques qui prenne en compte les résultats de la RGPP et vise à une réelle maîtrise de la dépense publique. Là encore, la situation est idéale : avec 2% de croissance et 3% d’inflation, il suffirait de bloquer les dépenses aux mêmes montants durant trois ans, et le problème serait largement réglé. Ce serait dommage de ne pas en profiter !

Le temps du changement

A l’Institut Montaigne, nous pensons que cette conjoncture représente une occasion en or de lancer dans la foulée de nouvelles vraies réformes de structure. Car on ne court pas le tour de France sur un vélo qui a les pneus couverts de rustines. Or, en France, on pose des rustines depuis 30 ans et ça ne marche plus, alors cessons de rustiner, réformons !

Vers plusieurs mini-Sécu

Une des réformes qui nous paraissent nécessaires, c’est celle du financement de la Sécu. Nous proposons à ce sujet de fusionner cotisations patronales et cotisations salariales en un paquet unique de cotisations sociales dont chacun choisirait le gestionnaire. Concrètement, chaque salarié toucherait sur son compte un salaire super brut, c'est-à-dire le net que nous connaissons aujourd’hui plus le montant total des anciennes charges sociales. Ce serait ensuite lui qui verserait ses cotisations en faisant appel à telle ou telle caisse d’assurance maladie et de retraite, librement, mais obligatoirement et dans un cadre légal très serré pour que chacun soit effectivement couvert. Cette mesure aurait le double intérêt de la transparence car la protection sociale a un coût et chaque ménage doit en être conscient pour faire les bons choix, et de la concurrence. Parce qu’avoir le choix entre plusieurs mini-Sécu déboucherait à coup sûr sur de meilleurs services et sur de meilleures performances financières.

Il y a un an, on nous parlait de rupture. Si ce mot d’ordre est toujours au programme, voilà une belle et bonne rupture possible…__

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