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11/03/2016

Quel numérique pour vaincre l’échec à l’école primaire ?

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Quel numérique pour vaincre l’échec à l’école primaire ?
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Du 11 mars au 14 mars, le salon européen de l'éducation se tient à Paris, Porte de Versailles. L'occasion de revenir sur ce que l'Éducation nationale a identifié comme une "une chance pour l'école" : la révolution numérique.

Un système inégalitaire où l’échec se forme très tôt

Depuis quinze ans, les résultats des enquêtes PISA conduites par l’OCDE disent l’inégalité de notre système scolaire et le nombre croissant d’élèves ne maîtrisant pas les savoirs fondamentaux (lire, écrire et compter). 150 000 jeunes "décrochent" chaque année et, preuve du caractère déterminant de l’école primaire dans le parcours scolaire, 80% d’entre eux étaient déjà en difficulté à l’entrée en sixième. Pourtant, de nombreuses études ont réfuté le caractère irrémédiable de cet échec scolaire endémique, à condition de déployer très tôt des méthodes d’enseignement adaptées. Les travaux du prix Nobel d’économie James Heckman confirment la nécessité d’intervenir au plus tôt dans la scolarité pour une véritable action en faveur de l’égalité des chances.

À la lumière de ce diagnostic, l’Institut Montaigne porte la conviction que l’école primaire doit être la priorité du numérique éducatif.

Un atout au service de la réussite scolaire


Comment le numérique peut-il répondre au défi l’échec scolaire ? S’il n’est pas un outil magique, bien employé, il peut permettre aux enseignants de consacrer davantage de temps aux élèves en difficulté et de prolonger l’apprentissage en dehors de l’école. Individualisation de l’enseignement, amélioration de la performance des élèves par l’analyse des données recueillies – être capable de vérifier que chaque élève dispose bien du temps et des retours dont il a besoin pour progresser et ne pas décrocher –, autonomie et créativité de l’élève : les atouts du numérique pour pallier aux défaillances de notre système éducatif sont nombreux. Une certaine réticence demeure néanmoins parmi les responsables politiques, les enseignants ou les parents d’élèves face l’introduction numérique, parfois perçue comme une menace. Ces craintes sont légitimes car sans changement des pratiques pédagogiques il n’a jamais produit d’effet, et ne peut en produire.

Malgré une succession de plans numériques depuis les années 1980, la diffusion des outils et de l’équipement ne s’est pas accompagnée d’une révolution des usages – pratiques pédagogiques, ressources, formation – pourtant nécessaire à un numérique utile et adapté aux situations d’enseignement. La formation du corps enseignant est encore trop souvent l’angle mort de la réflexion sur le numérique à l’école, il convient de lui apporter un accompagnement et des moyens à la mesure de son engagement au service des élèves.

Certains pays, en particulier la Norvège et l’Australie, sont parvenus à combiner fortes pratiques du numérique et performance de leur système éducatif, par un renouvellement profond des pratiques pédagogiques (travail par petits groupes, apprentissage par projets, personnalisation de l’enseignement). Ces exemples témoignent de la complémentarité, longtemps récusée, de la pédagogie éducative et du numérique.

Le temps de l’action

Dans notre rapport Le numérique pour réussir dès l’école primaire, fruit d’une large consultation des acteurs de l’éducation et du numérique, nous avançons des propositions concrètes pour en faire un moyen efficace de lutte, dès la maternelle, contre l’échec scolaire.

Dans un souci de mise en cohérence des différentes initiatives et d’implication de l’ensemble des parties prenantes, nous suggérons notamment de diffuser auprès des élus locaux une charte du numérique éducatif, qui recense les bonnes pratiques à l’échelle municipale. 40 euros par enfant et par an, c’est le coût des mesures préconisées par l’Institut Montaigne, soit moins de 1% des dépenses consacrées, par l’État et les collectivités, à un élève de primaire. Nous proposons l’acquisition d’un jeu de sept tablettes par classe de grande section de maternelle, de CP et de CE1. Celles-ci peuvent être partagées entre trois classes de la même école et leur utilisation se limite à quelques dizaines de minutes par jour, lors de sessions de travail spécifiques en groupes de niveau. Si l’on met en regard ces 40€ avec le coût du décrochage pour notre pays – 230 000€ cumulés tout au long de sa vie pour un élève ayant décroché, soit près de 30 milliards de dette contractés chaque année –, cet investissement paraît dérisoire face aux enjeux de l’instauration d’une véritable égalité des chances.

Par Grégoire Vanco pour l'Institut Montaigne

Pour aller plus loin


•    Découvrir le rapport Le numérique pour réussir dès l’école primaire
•    Lire le rapport Vaincre l’échec à l’école primaire
•    Consulter la note Contribution à la concertation sur l’école : priorité au primaire

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