Rechercher un rapport, une publication, un expert...
L'Institut Montaigne propose une plateforme d'Expressions consacrée au débat et à l’actualité. Il offre un espace de décryptages et de dialogues pour valoriser le débat contradictoire et l'émergence de voix nouvelles.
15/10/2010

Pour une véritable gouvernance des écoles primaires

Imprimer
PARTAGER
Pour une véritable gouvernance des écoles primaires
 Institut Montaigne
Auteur
Institut Montaigne

Le 29 septembre dernier, le député Frédéric Reiss a remis à Luc Chatel, ministre de l'Éducation nationale et porte-parole du Gouvernement, son rapport "Quelle direction pour l'école du XXIe siècle ?". Sa visée : "donner à chaque élève tous les atouts pour réussir sa scolarité".

Parmi les huit recommandations émises dans le rapport, certaines recoupent des propositions déjà formulées dans le rapport de l’Institut Montaigne Vaincre l’échec à l’école primaire.

  1. Revoir l’organisation territoriale du service public de l’éducation, notamment en consolidant les regroupements d’écoles
  2. Laisser expérimenter les établissements publics du primaire (E2P)
  3. Placer le contrat éducatif au centre du pilotage de proximité
  4. S’appuyer sur les leaders pédagogiques, les directeurs d’école
  5. Créer un observatoire des bonnes pratiques
  6. S’engager sans tarder dans la perspective de futures écoles du socle commun
  7. Conclure un pacte éducatif entre services de l’État et collectivités
  8. Améliorer le poste de pilotage en recentrant les inspecteurs de l’Éducation nationale sur leur cœur de métier

Laisser expérimenter
Frédéric Reiss insiste sur la nécessité de "laisser expérimenter" les établissements publics du primaire (E2P) comptant plus de 14 classes, en encourageant les actions de terrain, selon une logique bottom-up : "il est recommandé de plutôt « labelliser » les expérimentations que les acteurs prêts à agir ont en projet, que d’imposer des modalités décidées en amont". L’Institut Montaigne a proposé dans son Rapport paru en avril 2010 que soit enfin pris le décret d’application pour la création d’établissements publics d’enseignement primaire (EPEP) expérimentaux, tel que prévu par la loi relative aux libertés et aux responsabilités locales du 13 août 2004. Par ailleurs, la proposition figurant dans le rapport de Frédéric Reiss de nommer un opérateur indépendant qui conduise l’évaluation de ces expérimentations est une excellente initiative, à condition que la validité scientifique et externe de l’évaluation soit assurée. Ce qui est expérimenté doit toujours être évalué.

Revoir le statut des directeurs d'école
Autre recommandation en phase avec ce que préconise l’Institut Montaigne : revoir le statut des directeurs d’école. Le rapport remis au ministre de l’Éducation avance des propositions afin de revaloriser ce "métier à part entière" : possibilité de procéder à des recrutements de type Emploi de Vie Scolaire (contrats de droit privé), accorder un statut juridique aux directeurs d’école correspondant à un détachement dans le corps des personnels de direction ou encore envisager une nette revalorisation de la rémunération indemnitaire. Si ces propositions font écho à celles de l’Institut Montaigne, notamment celle de récompenser les nouvelles responsabilités qui devraient incomber aux directeurs d’école en définissant une part variable de la rémunération, il faut aller plus loin. Pour l’Institut, les directeurs d’école doivent établir les objectifs globaux de l’établissement, suivre leur réalisation et assurer leur évaluation. Ils doivent aussi procéder au recrutement des membres de l’équipe pédagogique (et non pas uniquement des Emplois de Vie Scolaire). Animer et diriger les équipes afin d’évaluer les objectifs pédagogiques. Assurer la gestion financière du personnel ou encore établir des collaborations avec d’autres institutions.

Créer un observatoire des bonnes pratiques
La proposition de créer un observatoire des bonnes pratiques afin de "repérer les bonnes initiatives, d’en faire évaluer la qualité et de diffuser celles qui ont une influence bénéfique sur les résultats scolaires" est fondamentale car elle souligne une des insuffisances les plus flagrantes de l’éducation en France : la recherche et sa traduction pratique sur le terrain. La priorité est aujourd’hui d’investir dans une recherche pédagogique universitaire indépendante, de très haut niveau, qui s’élaborerait à partir des meilleurs standards internationaux, en accord avec des chercheurs issus de différentes disciplines tels que médecins, psycho-cognitivistes, économistes ou encore sociologues.

Le rapport "Quelle direction pour l'école du XXIe siècle ?" propose des avancées substantielles pour une gouvernance et un pilotage du système plus efficace, mais les mesures proposées doivent être expérimentées et approfondies en fonction des besoins locaux. En outre, pour vaincre l’échec à l’école primaire le seul "effet établissement" est marginal s’il n’est pas couplé à un investissement massif dans la prise en compte de "l’effet maître" : il faut investir dans une recherche en liaison avec le travail effectué dans les salles de classe pour contrer la progression de l’échec scolaire dans nos écoles.

Recevez chaque semaine l’actualité de l’Institut Montaigne
Je m'abonne