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25/07/2008

Obamania : le message de la diversité en Amérique et en Europe

 Mathilde Tellier
Auteur
Chargée de communication

Le candidat démocrate est en pleine tournée européenne. Acclamé par les foules de Berlin à Paris, il semble contredire ainsi, après sa visite réussie au Moyen-Orient, les Républicains qui l'attaquent sur son manque d'étoffe à l'international. Mais pourquoi les Européens en général, et les Français en particulier, lui semblent-ils si favorables ?

"Abattre les murs entre indigènes et immigrants" A Berlin, Obama appelle une "nouvelle génération" à abattre les murs entre alliés, entre races et religions, et à relever les défis de la planète. Son discours était acclamé par les « yes we can », son slogan de campagne, d’une foule de 200 000 personnes. D’ailleurs, selon un sondage paru dans Telegraph.co.uk, 67 % des Allemands souhaitent son élection (49 % des Britanniques, 70 % des Italiens et 81 % des Autrichiens ; les Français quant à eux le soutiennent à 65 %).

Un élan d’espoir Autre petit slogan qui fait mouche « Our time is now ». Et c’est ici le tour de maitre du sénateur de l’Illinois. Il rassemble, bien au-delà des démocrates, les jeunes et les minorités. Et il repose, en passant, à la France la question de la diversité et plus vivement, bien sûr, en politique. L’analyse de Justin Vaïsse, chercheur de Brookings, un think tank américain très influent, cité par Libération ce vendredi est éloquente : « En soutenant un candidat minoritaire comme Obama, les Français se donnent presque bonne conscience sans réaliser que ça se passe aux Etats-Unis et pas en France où persistent beaucoup de rigidités et de préjugés. Il y a toujours très peu de Noirs et d’Arabes à des fonctions électives en France. Mais ça ne coûte rien d’applaudir Obama ».

A quand l’égalité des chances ? Quand donnerons nous donc tort à ce genre de propos (malheureusement vrais aujourd’hui) ? A l’Institut Montaigne, nous pensons que la société française est riche de ses diversités géographiques, culturelles, professionnelles, individuelles. Pourtant, face à cette diversité, le Parlement français est terriblement uniforme et souffre d’une grave carence de représentativité. A qui la faute ? Un des grands responsables est le cumul des mandats. En effet, il favorise une appropriation de la vie politique par un ensemble restreint de responsables. Nous proposons donc d’interdire purement et simplement le cumul pour les députés et de limiter à un seul le nombre de mandat local cumulable avec les fonctions de sénateur. Autre preuve dans ce manque de représentativité, la distorsion entre la structure socioprofessionnelle du Parlement et celle de la société française. Pour y remédier nous proposons de favoriser l’ouverture du Parlement au secteur privé. En effet, aujourd’hui, 51,3 % des députés sont issus du secteur public, 9% sont entrepreneurs, 4,8 % sont employés et à peine 0,5% sont des ouvriers non qualifiés. Or, parmi les élus issus du privé, beaucoup sont des jeunes, des femmes et des Français issus de l’immigration. Il est temps d’ouvrir notre classe politique.

Les Etats-Unis n’avaient certainement pas prévu il y a encore 5 ans qu’un des deux candidats à l’élection présidentielle serait Noir. Le changement peut donc s’opérer vite. Si la volonté politique suit.

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