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15/03/2016

Le numérique, une arme efficace contre l'échec scolaire

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Le numérique, une arme efficace contre l'échec scolaire
 Institut Montaigne
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Tribune d'Henri de Castries, président directeur général d'AXA et président de l'Institut Montaigne et Nicolas Harlé, directeur associé senior au Boston Consulting Group, parue dans Les Echos, le 15 mars 2016.

Quelque 150.000 jeunes quittent chaque année le système éducatif sans savoir lire, ni écrire, ni compter correctement. Pour une très grande majorité, leurs difficultés étaient connues depuis le primaire. Pour garantir à chaque élève la maîtrise de la lecture à l'issue du CP, il faudrait au moins 35 heures de sollicitation individuelle. L'école ne peut aujourd'hui en proposer que 20. Ce manque est largement comblé par les enfants ayant le plus de facilités ou ceux issus de milieux plus favorisés. Il est malheureusement rédhibitoire pour beaucoup d'autres.

Le constat est terrible pour notre école, qui, malgré le formidable travail des enseignants, échoue à proposer un horizon à toute une partie de sa jeunesse. Cet échec n'est pourtant pas une fatalité. La recherche montre que tous les enfants ou presque peuvent réussir, lorsque des méthodes d'enseignement appropriées sont déployées très tôt. Dans le même temps, les avancées de la révolution numérique se diffusent rapidement, largement et profondément dans la société. Nous pensons que ces évolutions portent en elles une partie de la solution. Les écrans font pleinement partie du quotidien de nos enfants. Le numérique n'est pas un outil magique mais, bien employé, il peut, d'une part, permettre aux enseignants de consacrer davantage de temps aux élèves en difficulté et, d'autre part, prolonger l'apprentissage sur le temps hors scolaire. Le numérique mis au service de pratiques pédagogiques efficaces (le travail en petits groupes ou la personnalisation de l'enseignement) peut ainsi permettre d'aller chercher ces 15 heures qui font cruellement défaut aux enfants en difficulté.

Les travaux de l'Institut Montaigne, qui reposent sur des mois de rencontres et d'échanges, nous ont convaincus que l'école primaire est le moment de la scolarité où le numérique peut avoir le plus d'impact. Au fil de l'élaboration de notre rapport Le numérique pour réussir dès l'école primaire, nous avons rencontré beaucoup d'enseignants déjà très engagés. De nombreuses "pépites" pédagogiques existent déjà.

Nous ne sommes bien sûr pas les premiers à le dire, et il faut saluer ceux qui, à l'image de Jean-Marc Monteil, réfléchissent et agissent pour le numérique à l'école. L'enjeu est désormais de mettre en cohérence les différentes initiatives, de favoriser la diffusion de celles qui ont démontré leur efficacité grâce à une évaluation rigoureuse et d'engager l'ensemble des parties prenantes dans ce mouvement. Aux côtés des enseignants, les élus locaux jouent ainsi un rôle central dans le succès des déploiements numériques. Mais les exemples d'échecs, d'investissements mal alloués, de mauvais choix et de manque de coordination sont pléthoriques. Comment se lancer ? Par quoi commencer ? Et surtout, comment faire les bons choix ? Notre travail met en avant des bonnes pratiques pour concevoir, déployer et piloter les initiatives locales, en associant étroitement tous les acteurs du système éducatif, les enseignants au premier chef. Le numérique peut enfin contribuer à renforcer la relation entre parents et enseignants. Cette proximité est primordiale pour coordonner les actions de chacun dans le développement de l'enfant et pour le guider au mieux dans ses apprentissages. Quarante euros par an et par enfant. C'est le coût des mesures préconisées par l'Institut Montaigne, c'est-à-dire moins de 1 % du coût pour l’État et les collectivités d'une année de cours préparatoire. C'est une petite mise, pour un potentiel énorme : comme l'ont montré les travaux du prix Nobel James Heckman, chaque euro consacré à un très jeune enfant permet d'en économiser jusqu'à huit plus tard, dans les domaines de la santé, de l'emploi, de l'éducation, de la sécurité, de la justice ou des services sociaux.

Pour aller plus loin
•    Découvrir le rapport Le numérique pour réussir dès l’école primaire
•    (Re)voir Henri de Castries sur le plateau de Ruth Elkrief sur BFM TV, le 7 mars

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