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04/05/2016

"Le numérique n'est pas une baguette magique, mais il peut aider à combattre l'échec scolaire" : Henri de Castries

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Interview d'Henri de Castries, Président de l'Institut Montaigne et Président Directeur Général du groupe AXA, parue dans La Gazette des communes, des département et des régions, le 2 mai 2016. Propos recueillis par Sophie Maréchal.

Dans son dernier rapport Le numérique pour réussir dès l'école primaire, l'Institut Montaigne donne des conseils aux communes pour utiliser davantage cet outil. Les éclairages de son président, Henri de Castries.

Pourquoi lancer un plaidoyer pour le numérique dès l'école primaire?

Henri de Castries : Nous ne disons pas que le numérique est une baguette magique, mais qu'il peut aider à lutter contre l'échec scolaire. L'utilisation intelligente de cet outil comme support pédagogique permet aujourd'hui de résoudre, à des coûts raisonnables, une des racines essentielles de notre échec social, qui repose sur la sortie du système scolaire de près de 20% d'une classe d'âge sans diplôme. Parmi eux, 80% avaient déjà des difficultés à la sortie de l'école primaire. Or les études scientifiques que nous avons consultées démontrent que, pour les enfants de 3 à 7 ans, le numérique améliore l'acquisition des savoirs fondamentaux. Si le numérique arrive à l'âge du collège, c'est déjà trop tard.

Que préconisez-vous aux communes qui souhaitent équiper leurs écoles ?

Il faut construire des relations de responsabilité entre les trois parties prenantes : les parents, les enseignants et les municipalités. Il s'agit de définir ce que l'on attend de chacun et d'attirer l'attention sur les risques de dérapage. Si les parents ne se mobilisent pas, nous ne parviendrons pas à ce que les enfants consacrent une partie des 1000 heures annuelles qu'ils passent à la maison devant un écran à des activités plus éducatives que celles auxquelles ils s'adonnent. S'il n'y a pas de formation des enseignants, on aura beau avoir formé les parents et demander aux municipalités de faire un effort d'équipement, ça ne marchera pas non plus. Il faut une volonté de se rassembler sur la gestion d'un projet. Ce n'est pas insurmontable. Nous nous efforçons d'apporter un certain nombre de propositions qui leur permettront de travailler mieux qu'ils ne le font aujourd'hui.

Un projet numérique éducatif efficace à moindre coût est-il possible?

Nous présentons dans notre rapport des seuils d'équipement qui paraissent accessibles. Nous ne disons pas qu'il faut que chaque enfant ait une tablette dès le premier jour de la rentrée en petite section de maternelle ni que le raccordement à la fibre optique est obligatoire pour commencer un plan numérique éducatif. Avec un minimum de huit tablettes pour trois classes et des logiciels ludoéducatifs, on peut déjà faire énormément de choses. Cela fait une dépense moyenne de 40 euros par élève.

Ne faut-il pas d'abord emporter l'adhésion des enseignants'

Bien sûr ; en même temps que le maire fait un pas, il faut que, de son côté, l’Éducation nationale le fasse au travers de son réseau des 1300 inspecteurs. Il faut impérativement accompagner les enseignants et c'est le rôle des inspecteurs. Former 1300 personnes à l'échelle d'un pays, c'est tout à fait réalisable.

Pour aller plus loin :

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