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11/04/2016

Génération Terrorisme : comment faire face ? - Avec Gilles Kepel

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Gilles Kepel, politologue spécialiste de l'islam et auteur de Terreur dans l'Hexagone : genèse du djihad français* était dimanche dernier dans Générations d'idées, émission mensuelle diffusée sur Public Sénat, pour débattre du défi djihadiste avec quatre jeunes, aux côtés de Laurent Bigorgne et de Matthias Leridon.

Comment combattre le terreau sur lequel se développe le djihadisme ? Quel doit être le niveau de riposte des forces de sécurité sur le territoire ? Où commence et où s’arrête  l’ingérence dans la vie privée digitale pour lutter contre le terrorisme ? L’école a-t-elle perdu la main face à la puissance de la diffusion de doctrines et d'idéologies faciles d'accès sur internet ? Quel est le rôle de la famille ? Comment l’univers carcéral gère-t-il les enjeux de radicalisation des détenus ?

Extraits

Pour Gilles Kepel, "le phénomène djihadiste est la pointe d’un iceberg social et culturel. Il se développe sur un terreau. On aura beau prendre des mesures qui attaquent les effets, il faut comprendre les causes."

Gilles Kepel observe depuis plusieurs années le développement des "marqueurs de salafisation" dans certains quartiers populaires. Le salafisme y occupe désormais une  place idéologique de plus en plus importante et prêche pour une rupture culturelle fondamentale avec la société française. L’islam de France modéré, premier rempart contre cette montée en puissance, doit continuer à jouer un rôle déterminant dans cette "bataille idéologique et culturelle".

Ambassadrice d’Unis-Cité, Saron Buyikana a grandi aux Tarterêts, quartier d’habitat social de Corbeil-Essonnes, propose de généraliser le service civique volontaire pour redonner des perspectives aux jeunes qui sont marginalisés : "Les jeunes ont besoin de reconnaissance et de se rendre utiles dans la société".

Emmanuel Kujawski, ancien élu de Sevran (93), dénonce quant à lui les faibles moyens des élus locaux, une absence d'unité et de vision européennes ainsi qu’un désintérêt profond des jeunes pour l’Europe ou encore la République : "On se trompe de niveau d’analyse. Lutter contre le terrorisme et la radicalisation, c’est comme le climat et les paradis fiscaux, cela se fait à l’échelle européenne."

Fadhil Korimbocus, conseiller municipal à Noisy-le-Sec (93), estime que la question posée par les jeunes qui partent faire le djihad en Syrie "va au-delà de la question de l’intégration, c’est le problème d’une jeunesse désespérée qui se fait manipuler. Les jeunes de banlieue ne sont pas les seuls à partir en Syrie, il y a également des jeunes de classe moyenne."

Pour Laurent Bigorgne, directeur de l’Institut Montaigne, "il y a un certain nombre de carences connues, notamment la disponibilité des imams en prison, la question de la pratique libre du culte. S’est-on donné toutes les chances pour ramener du "bon côté" les personnes radicalisées ou en voie de l’être ?"

*En soutenant l’enquête de terrain qui a permis l’écriture de Terreur dans l’hexagone : genèse du djihad français, l’Institut Montaigne a souhaité rendre possible une réflexion profonde sur un phénomène venu de l’extérieur de nos frontières mais qui se nourrit également de certaines failles de la société française.

Pour aller plus loin :

- Terreur dans l’Hexagone, ouvrage de Gilles Kepel, Gallimard, décembre 2015
- Banlieue de la République, ouvrage de Gilles Kepel, octobre 2011
- Les jeunes peuvent-ils "débloquer" la France ? Générations d’idées avec Daniel Cohn-Bendit
- La France est-elle toujours une terre d’accueil ? Générations d’idées avec Françoise Sivignon

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