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11/07/2014

Gaz de schiste : comment avancer - Nouveau rapport de l'Institut Montaigne

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Gaz de schiste : comment avancer - Nouveau rapport de l'Institut Montaigne
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Le gaz naturel est aujourd'hui une source d'énergie incontournable pour  accompagner efficacement la transition énergétique. Disponible et flexible, il peut remplacer le charbon et ainsi permettre de réduire les émissions de CO2 en Europe tout en rétablissant la compétitivité économique et la sécurité d'approvisionnement sur notre continent. Au c'ur de cette réflexion, le développement des ressources endogènes tel que le gaz de schiste est un enjeu essentiel que l'actuel statu quo empêche d'appréhender sereinement. Le groupe de travail rassemblé par l'Institut Montaigne sous la direction de Jean-Pierre Clamadieu, président du comité exécutif de Solvay, propose de définir une méthode pour avancer sur la question du gaz de schiste en France de manière concertée, progressive et réversible.

Même si la France ne l’exploite pas, le gaz de schiste est déjà une réalité qui a bouleversé les équilibres économiques internationaux et menace la compétitivité de notre industrie. "Avec 860 000 emplois et 4 % de la valeur ajoutée, les industries gazo-intensives en France sont aujourd’hui fortement menacées par l’essor du gaz de schiste en Amérique du Nord et particulièrement aux États-Unis", explique Jean-François Lahet, directeur associé au Boston Consulting Group et rapporteur du groupe de travail. Pendant que le prix du gaz américain était divisé par trois entre 2008 et 2012, celui du gaz européen ne cessait d’augmenter. L'industrie pétrochimique, qui utilise le gaz comme matière première notamment pour produire de l'éthylène, est particulièrement touchée en Europe, puisqu'elle affiche des écarts de compétitivité de 25 à 30 % par rapport aux États-Unis.

A l’origine d’un essor économique aussi spectaculaire qu’inattendu, l’abondance du gaz de schiste aux États-Unis a fait chuter drastiquement le cours du charbon américain, qui est désormais importé en grandes quantités  en Europe. Cette surpondération du charbon, source d'énergie peu flexible, dans le mix énergétique déstabilise le système électrique européen et menace les progrès de réduction d’émissions réalisés au cours de la dernière décennie. A l’inverse, le gaz, plus faible émetteur de CO2 parmi les énergies fossiles, offre une flexibilité de production qui le rend incontournable et complémentaire des énergies renouvelables.

Face à cette situation, "ignorer totalement le gaz de schiste est un luxe que la France ne peut plus se permettre", analyse Jean-Pierre Clamadieu. "Bien sûr, le gaz de schiste n’est pas la solution miracle qui règlera tous nos problèmes. Mais l’exclure d’emblée du débat, c’est réduire nos chances de réussir. Car le gaz de schiste peut, par la compétitivité qu’il offre, créer des marges de manœuvre nécessaires pour investir ailleurs et accélérer ainsi le redressement économique et la transition énergétique de notre pays. Nous voulons ré-ouvrir le débat et montrer qu’il existe une méthode pour avancer de manière concertée, progressive et réversible sur cette question".

La France est bien placée pour saisir cette opportunité tout en maîtrisant ses risques. Les auteurs du rapport  mettent en lumière les atouts majeurs dont la France dispose pour organiser, optimiser et encadrer l’exploitation du gaz de schiste. Son droit du sol et des mines permet à l’Etat de garder le contrôle des ressources en gaz et ainsi maîtriser la production et répartir équitablement la valeur créée. Elle peut  également s’appuyer sur une filière industrielle d’excellence qui a accumulé une grande expérience dans le cadre de projets internationaux.

Comment avancer ?Le rapport de l’Institut Montaigne formule des propositions concrètes pour une démarche progressive et réversible. Il préconise notamment :
- de redonner au gaz naturel une place de choix dans le mix énergétique français ;
- d’engager dès 2015 un travail de recensement des ressources afin d’améliorer la connaissance du sous-sol français ;
- de créer une commission temporaire qui pourra contrôler le processus, proposer des aménagements du cadre réglementaire, rendre systématique et contraignante la réalisation d’études d'impact environnemental (dispositif prévu dans la loi de 2011 mais qui n’a jamais été mis en place) ;
- de développer un (ou plusieurs) sites-pilotes expérimentaux sur la fracturation hydraulique pour documenter ses implications techniques et son impact environnemental et d’y associer des structures d’information et d'échanges avec les populations locales ;
- de prévoir,  si les ressources s’avéraient abondantes à termes, une répartition équitable des bénéfices entre les différentes parties prenantes.

Consulter le rapport - Gaz de schiste : comment avancer

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