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06/08/2010

Foire aux questions (suite) - Vaincre l’échec à l’école primaire

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Foire aux questions (suite) - Vaincre l’échec à l’école primaire
 Institut Montaigne
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Institut Montaigne

Le Rapport de l’Institut Montaigne ne propose pas d’allégement des effectifs dans les classes. Une telle mesure n’est-elle pourtant pas nécessaire pour assurer la réussite de chaque enfant ? Ne faudrait-il pas davantage impliquer les familles dans l’éducation pour vaincre l’échec à l’école primaire ? Etc.

Vous avez été très nombreux à réagir à la publication de notre Rapport Vaincre l’échec à l’école primaire. Voici une seconde série de réponses aux questions qui sont le plus souvent revenues. Nous vous remercions vivement pour l’attention que vous avez portée à notre Rapport. Nous espérons que vous ne nous tiendrez pas rigueur du temps mis à vous répondre.

1. Le Rapport de l’Institut Montaigne ne propose pas d’allégement des effectifs dans les classes. Une telle mesure n’est-elle pourtant pas nécessaire pour assurer la réussite de chaque enfant ?

La taille des classes, prise isolément, ne joue qu’un rôle marginal dans la réussite des enfants. Les comparaisons internationales montrent que cette corrélation n’existe qu’à la marge : ainsi, le Japon et la Corée du Sud obtiennent d’excellents résultats avec des classes très chargées. Cette variable a fait l’objet de nombreuses expérimentations[1]. Elles ont démontré qu’une baisse faible ou moyenne des effectifs (inférieure à 20 %) ne produisait pas d’effets sur les résultats des élèves. La réduction des effectifs n’a d’incidence positive que lorsqu’elle dépasse ce seuil. Une telle diminution engendrerait un coût insupportable pour les finances publiques de notre pays.

Le Rapport de l’Institut Montaigne propose de transformer les moyens dont dispose notre système scolaire en résultats. Les modes d’actions pédagogiques sont primordiaux : il s’agit de transmettre aux enseignants les bons gestes professionnels et de permettre ainsi un suivi individualisé des élèves par un travail en petits groupes au sein de la classe.

2. Les évaluations des élèves sont-elles bien adaptées ? Sont-elles utiles ?

Les évaluations nationales sont cruciales pour connaître les besoins des enfants et suivre leur progression. Les évaluations actuelles ne permettent malheureusement pas d’atteindre cet objectif, car elles sont toutes deux concentrées sur le seul cycle des approfondissements. C’est pourquoi l’Institut Montaigne propose une évaluation en début de troisième année du cycle des apprentissages fondamentaux (actuel CE1) et une évaluation en fin de deuxième année du cycle des approfondissements (actuel CM1). Réalisées à un moment opportun du cycle, ces évaluations permettraient de consacrer une année entière à l’acquisition des connaissances et des compétences spécifiques du socle commun qui fait défaut aux élèves.

3. Ne faudrait-il pas davantage impliquer les familles dans l’éducation pour vaincre l’échec à l’école primaire ?

Le rôle des familles est bien entendu déterminant pour la réussite de chaque enfant. Ceci est d’autant plus vrai qu’en France, le succès ou l’échec à l’école est étroitement corrélé au milieu socio-économique. Dans de nombreux pays, l’école parvient à réduire l’écart entre catégories socioprofessionnelles ; en France, les inégalités sont cumulatives au cours de la scolarité de l’élève. Néanmoins, il nous semble qu’une réforme de l’école primaire doit opérer sur ce qui se déroule dans les classes avant d’agir sur ce qui se passe à l’extérieur.

4. A la sortie du Rapport Vaincre l’échec à l’école primaire, certains ont pu dire que ce constat était partagé, mais pas nouveau. Qu’apporte-t-il de neuf ?

Le travail de l’Institut Montaigne n’est pas le premier à exposer les graves échecs que produit l’école primaire de notre pays. De nombreux rapports ont analysé depuis le milieu des années 1990 les dysfonctionnements de notre système éducatif. Pourtant, l’opinion publique est persuadée, à tort, que les difficultés de l’enseignement français relèvent avant tout de l’enseignement secondaire (collège et lycée), alors que les sources de l’échec scolaire se trouvent bien en amont. De plus, si le constat d’un échec massif à l’école primaire n’est pas nouveau, il est néanmoins plus pressant aujourd’hui qu’il ne l’a jamais été : les indicateurs internationaux de comparaison montrent en effet que les performances de notre école primaire se dégradent d’année en année.

Le Rapport de l’Institut Montaigne propose plusieurs éléments nouveaux :

  • Il propose de placer l’enfant "au centre de la réflexion"[2], adapter l’enseignement à ses besoins et à ses rythmes.
  • Il recommande de renforcer aussi les responsabilités des directeurs d’école : en leur permettant de recruter leur équipe pédagogique, de diriger leurs équipes, de gérer leur budget et de définir leur projet, les moyens leur seront fournis de proposer des réponses adaptées à l’échec scolaire. L’Institut Montaigne croit qu’une politique de lutte contre ce dernier ne peut être efficace que si elle est mise en œuvre, sur le terrain, par des acteurs autonomes et responsables. Le dispositif actuel aggrave l’inégalité des chances parce qu’il est mal adapté aux questions spécifiques auxquelles sont confrontés sur le terrain les enseignants : le passage d’un certain nombre d’établissements au statut d’EPEP (Etablissement Public d’Enseignement Primaire), loin de nuire à l’égalité des chances, est une de ses conditions de possibilité.
  • Il invite à une rupture avec le cercle vicieux de l’échec scolaire, inspirée par de nombreuses expérimentations menées ces dernières années (par exemple le programme PARLER mis au point par Michel Zorman qui vise aussi à prévenir l’illettrisme). Il s’agit de convaincre, par l’exposé de résultats scientifiquement mesurables, du bien-fondé de ces expérimentations, afin d’amplifier ces projets qui ont fait leurs preuves, d’une part, de diffuser ces réussites, d’autre part.



- Lire l’intégralité de la FAQ

- Nos 13 propositions pour vaincre l’échec à l’école primaire

- En vidéo - Points de vue sur l’échec scolaire : (re-)découvrez les témoignages vidéo de Luc Ferry, Yann Algan, Henriette Ewald, François Dubet, Jean-Paul Delevoye...

Notes

[1] En 2002, sur les CP à effectifs réduits (DEP) ; en 2009, Additional Ressources versus Organizational Changes in Education : Experimental Evidence from Kenya, Esther Duflo, Pascaline Dupas et Michael Kremer.

[2] Académie nationale de Médecine, Rapport du 19 Janvier 2010.

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