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04/08/2011

Ma fille, mon fils, tu feras l’X !

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Moins médiatisés que ceux du bac, les résultats des concours des grandes écoles d’ingénieur tombent également au mois de juillet. L’occasion pour l’Institut Montaigne de pointer du doigt une évolution pernicieuse : 90 % des étudiants des écoles d’ingénieurs les plus prestigieuses sont issus de milieux favorisés contre 70 % il y a 50 ans (1).

L’Institut Montaigne, dans son étude Adapter la formation de nos ingénieurs à la mondialisation, se penche notamment sur ce constat. Il relève d’un diagnostic plus général d’une endogamie sociale qui handicape les formations d’ingénieur françaises. Le manque de diversité, sociale mais également le manque d’ouverture à l’international, nuit à la qualité des formations dispensées en limitant l’esprit d’initiative, la créativité et la capacité entrepreneuriale des étudiants français par rapport à leurs homologues américains notamment.

Aujourd’hui, un étudiant issu des catégories socioprofessionnelles les plus favorisées a vingt fois plus de chances d’accéder à une grande école qu’un étudiant provenant d’un milieu moins favorisé. L’homogénéité sociale qui en découle devient un handicap pour l’innovation. C’est pourquoi l’Institut Montaigne propose de créer des "licences d’ingénierie", en partenariat avec des universités, au sein des grandes écoles, éventuellement regroupées pour l’occasion. Ces licences donneraient la possibilité d’intégrer via une filière dédiée (offrant un nombre conséquent de places) le cursus ingénieur des écoles ayant participé à cette création. Le mode de recrutement, bien que sélectif, doit favoriser l’accès à des boursiers en suivant l’exemple de Sciences Po.

Cette proposition suit l’évolution du comportement des étudiants. Outre la plus grande mobilité au sein des études grâce au développement de passerelles entre formations – par exemple les nombreuses admissions sur titres au sein des grandes écoles d’ingénieur ou de commerce – les nouveaux bacheliers semblent clairement favoriser l’Université par rapport aux classes préparatoires.

Ainsi cette année, près de 680 000 bacheliers ayant exprimé un vœu sur la plateforme admission post-bac, les résultats sont clairs. Les CPGE concentrent 10 % des candidatures à un niveau stable depuis plusieurs années (-1 % par rapport à 2009). Par contre, les licences, y compris pour les études de santé, avec près de 30 % des demandes connaissent une hausse de 35 % sur la même période. Le reste se répartit principalement sur les formations courtes, DUT, BTS, etc (2).

Ce n’est pas l’attractivité des écoles qui est en question, mais bel et bien celle des voies d’accès. Les admissions parallèles revalorisent les cursus universitaires ou atypiques et le phénomène semble prendre de l’ampleur. Limité pour une école comme Polytechnique – une dizaine de places tout au plus, on trouve plus de 100 places pour la filière universitaire des écoles centrales (3). Les grandes écoles ont tout à gagner. Cela leur permet de diversifier leur public et de faire cohabiter et échanger des étudiants aux parcours et aux expériences hétérogènes (4). Elles auraient tort de se priver de l’opportunité que représentent les "licences d’ingénierie" en sus de cette ouverture.

Références :

(1) Romain Bordier, Aloïs Kirchner et Jonathan Nussbaumer, Adapter la formation de nos ingénieurs à la mondialisation, Institut Montaigne, étude, février 2011, 49 pages. Page 35.
(2) Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche, Admission post-bac – Session 2011, 15 juin 2011
(3) http://www.ecp.fr/op/cms/home/Admissions/Admissions_cycle_ingenieur/Admissions_filiere_universitaire
(4) Dominique Seux, Grandes Ecoles : le jour des résultats

En savoir plus :

Adapter la formation de nos ingénieurs à la mondialisation (Institut Montaigne, 2011)

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