Trois ans. Il reste trois ans à l’humanité pour inverser la courbe de progression des émissions de gaz à effet de serre (GES), et ainsi parvenir à contenir le réchauffement de la planète sous la barre symbolique des 1,5 degrés celsius. Ce constat, asséné par le dernier rapport d’évaluation du groupe d’expert intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), est sans appel. Depuis la signature de l’historique Accord de Paris, les pays membres de l’Union européenne (UE) sont engagés à atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050. En France, c’est la Stratégie Nationale Bas-Carbone (SNBC), adoptée en 2015 et révisée tous les cinq ans, qui fait office de feuille de route détaillée pour parvenir à cet objectif ambitieux. Pourtant, la trajectoire nationale demeure aujourd’hui largement insuffisante.
La France accuse un retard important en matière de transition énergétique. Si le pays a bien réduit ses émissions de GES depuis 1990, le rythme de cette diminution y était inférieur à celui observé en Allemagne ou au Royaume-Uni. Sur la période 2015-2018, l’Hexagone a même dépassé son "budget carbone" de 62 millions de tonnes de CO2, entraînant une condamnation de l’État pour "inaction climatique" par la justice administrative en octobre 2021. Pour respecter les engagements pris à l’occasion de la conférence de Paris de 2015 sur les changements climatiques, il sera nécessaire de presque doubler le rythme annuel de réduction des émissions de GES, pour atteindre 3,3 % entre 2024 et 2028.
Dans le cadre d’un projet d’envergure européenne intitulé Fair Energy Transition for All (FETA), l’Institut Montaigne plaide pour l’accompagnement des ménages les plus vulnérables dans la transition énergétique. En particulier, cette note propose de s’aligner sur les attentes citoyennes et de concentrer l’action de soutien aux ménages vulnérables sur les thématiques du logement, du transport et de l’alimentation. De façon plus générale, il convient d’engager une refonte des dispositifs d’aide à la transition pour les recentrer sur les ménages vulnérables. À ces effets, la présente note contient un agenda de onze solutions qui doit permettre d’engager une transition énergétique juste pour toutes et tous, seule à même de concilier les enjeux d’atteinte de la neutralité carbone et ceux de renforcement de la cohésion sociale, de réduction des inégalités et de création d’alternatives crédibles à destination des actifs dont l’emploi se trouve menacé.