L’année 2015 a marqué une rupture tragique dans l’histoire de France. Notre pays a été rattrapé par la guerre à travers des vagues successives d’attentats, plaçant ses citoyens en première ligne et touchant tous les aspects de la vie de la collectivité. La France se situe aujourd’hui au troisième rang mondial des nations les plus frappées par le terrorisme islamique en dehors des zones de guerre ouvertes.
Face à ces chocs et aux bouleversements qu’ils engendrent, la France et l’Europe se sont révélées très insuffisamment préparées alors que les signaux d’alertes se multipliaient. L’absence de contrôle des frontières intérieures et extérieures comme les lacunes béantes de la coopération en matière de renseignement, de police et de justice ont une responsabilité certaine dans les attentats de Paris et Bruxelles.
Les risques stratégiques qui pèsent sur la sécurité de la France et de l’Europe ont changé de nature et d’intensité :
- La violence échappe aux Etats qui en ont perdu le monopole. La guerre est devenue hybride, à la fois civile et interétatique, intérieure et extérieure, bouleversant en profondeur les démocraties, leurs valeurs et institutions,
- L’émergence des puissances chinoise, russe, turque ou iranienne installe un rapport de force nouveau sur la scène internationale,
- Le cyberespace, au sein duquel se joue une révolution technologique qui s’inscrit dans une quête de suprématie commerciale et industrielle, ouvre de nouveaux espaces de confrontation.
Parce que nous avons changé de monde, la sécurité nationale doit être refondée. Elle doit prendre racine dans une nouvelle stratégie globale et opérationnelle et prendre appui sur une nation soudée : la mobilisation des citoyens et des entreprises est aujourd’hui indispensable. Cette nouvelle sécurité nationale doit avoir les moyens de sa régénération, être en mesure d’assumer le coût du dispositif de sécurité ainsi que d’anticiper les investissements nécessaires. Ces transformations doivent être conduites sous l’égide d’un acteur fort capable d’assurer la mise en cohérence des ressources et d’articuler les différentes structures chargées de la sécurité (militaires, police et gendarmerie nationale, sécurité privée). La sécurité est la condition de la liberté, de la paix civile et du développement. Elle est le premier des services dus par un Etat à ses citoyens mais elle est aussi leur bien commun. Elle est l’affaire de tous.