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Opération spéciale
Octobre 2025

Fractures françaises 2025 : d'une crise à l'autre

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La treizième édition de l'enquête annuelle Fractures françaises réalisée sur un échantillon national représentatif de 3 000 personnes du 1er au 9 octobre 2025 par Ipsos Sopra/Steria pour l'Institut Montaigne, Le Monde, le Cevipof et la Fondation Jean Jaurès permet d’appréhender les tendances de fond qui structurent la société française. À l'issue d'une année à nouveau marquée par la crise politique et le spectre d’une crise économique, comment les Français se définissent-ils ? Quelle est leur perception des grands défis politiques et sociétaux ? Quel regard portent-ils sur nos institutions, les décideurs politiques et les acteurs économiques ? Dans le prolongement de l’édition 2024, l’édition 2025 est marquée par un très fort pessimisme, couplé d’une défiance accrue à l’égard des politiques qui peut difficilement nous surprendre. Après une nette progression en 2024, la confiance dans les entreprises reste stable, et elle est assez élevée pour de nombreux acteurs comme les PME, les institutions régaliennes ou encore l’école. Autant de résultats contrastés, que nous vous invitons à découvrir dans le détail ci-dessous. 

Des records de déclinisme et de pessimisme

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Qu'il s'agisse du pays ou de leur vie personnelle, les Français considèrent l'avenir de manière sombre.

90 % des Français considèrent que la France est en déclin, un record depuis la création de l'enquête. Dans le détail : 32 % considèrent que ce déclin est irréversible (un chiffre qui atteint les 40 % chez les électeurs du RN). 

Seuls 12 % des Français considèrent positivement l'évolution de leur situation personnelle à l'avenir et 36 % s'attendent à une dégradation de leur situation. 

Cette inquiétude se lit aussi dans la crainte d’un conflit armé : si la guerre en Ukraine est peu citée parmi les deux sujets qui inquiètent le plus les Français, 39 % d’entre eux estiment que le risque que la France s’engage dans une guerre est fort, tandis que 65 % ne font pas confiance à Emmanuel Macron pour protéger le pays en pareil cas. 

Enfin, 43 % d’entre eux se sentent seuls, chiffre qui augmente chez les moins de 35 ans (47 %), confirmant les données de notre enquête sur la Santé mentale des jeunes

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Crise politique : Dissolution ou démission, les Français ne veulent pas se contenter de gagner du temps

Si la crise politique inquiète, une courte majorité de Français se dit favorable à l’esprit de compromis : 53 % estiment qu’une majorité relative est préférable à une majorité absolue à l’Assemblée nationale, un chiffre qui atteint les 59 % chez les moins de 35 ans. 

43 % des personnes interrogées sont favorables à une dissolution de l’Assemblée nationale et 58 % à la démission d’Emmanuel Macron dans les mois à venir (86 % des électeurs du RN, 45 % des électeurs LR, 47 % des électeurs PS). 25 % des Français ne le souhaitent pas, et 17 % n’ont pas d’avis sur la question. 

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La perspective d’un Premier ministre issu du monde de l’entreprise rassure : 58 % des Français sont convaincus par cette idée, à l’image des bons taux de confiance qui concernent, cette année encore, les grandes (47 %) et petites (82 % entreprises). 

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Les préoccupations des Français, entre difficultés économiques et inquiétudes sécuritaires

L’enquête Fractures françaises montre, une fois encore, que la première préoccupation des Français concerne leurs difficultés en matière de pouvoir d'achat (36 % des personnes interrogées le rangent parmi les deux enjeux qui les préoccupent le plus). 

Ce sont ensuite la délinquance et l’immigration (choisies ex aequo par 22 % des Français, comme en 2024) puis, en 3e, l’avenir du système social de santé et l’environnement (cités par 18 % des personnes interrogées). 17 % des Français sont prioritairement inquiets du niveau de la dette et des déficits, sujet qui arrive en 6e positions des préoccupations. 

L’avenir des retraites (l’enquête a été conduite avant l’annonce de la suspension de la réforme) est cité par 15 % des répondants (19 % des électeurs LFI, 18 % des RN, 14 % des PS et 4 % des écologistes). 

 

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18 % des Français citent l’environnement parmi leurs deux principales préoccupations, en recul de 5 % par rapport à 2024. Le chiffre monte à 24 % chez les moins de 35 ans, c’est même le deuxième sujet le plus cité, après les difficultés en termes de pouvoir d’achat, dans cette catégorie d’âge. En revanche, quand la question est posée de manière isolée, sans arbitrer entre les motifs d’inquiétude, 74 % des Français se disent préoccupés, chiffres comparables quelle que soit l'affiliation politique ou l’âge.

La défiance politique continue sa progression

La confiance dans la politique continue de diminuer : 20 % des sondés seulement font confiance aux députés (- 2 % par rapport à 2024, et - 16 % par rapport à 2022). 10 % font confiance aux partis politiques (- 4 % par rapport à 2024). La confiance dans les maires reste relativement stable, à quelques mois des élections municipales (68 %). 

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Ce sont les institutions régaliennes qui emportent majoritairement la confiance des Français : 79 % font confiance à l’armée, 74 % à la police

Alors que seuls 17 % des personnes interrogées ont confiance dans les réseaux sociaux (26 % chez les moins de 35 ans), 81 % ont confiance dans les scientifiques. En revanche, les médias n'obtiennent la confiance que de 34 % des personnes interrogées. La justice, enfin, recueille la confiance de 44 % des sondés (43 % chez les sympathisants LR, 25 % chez les électeurs du RN). 

Seuls 22 % des Français ont confiance dans la présidence de la République, en chute libre depuis 2017 (26 % en 2024, 41 % en 2022, 44 % en 2017). C’est chez les moins de 24 ans et les plus de 70 ans que la confiance résiste le mieux, à 28 %. 

Enfin, après une hausse de 4 % en 2024, la défiance dans la mondialisation retrouve le niveau habituel de 60 %. 

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Les Français, entre contestation et désir d’autorité : le pacte social fragilisé ?

85 % des Français soutiennent la proposition selon laquelle "on a besoin d’un vrai chef en France pour remettre de l’ordre", en hausse par rapport à 2024 (+ 4 %). Un taux légèrement plus bas chez les moins de 35 ans, mais toujours largement majoritaire (77 %). Par ailleurs, 52 % (54 % des 18-24 ans) des personnes interrogées estiment qu’il faudrait rétablir la peine de mort en France (progression d’un point sur un an), quelques jours après l’entrée de Robert Badinter au Panthéon. 

La France se définit également comme "contestataire" : l’acceptabilité comme la perception de la violence augmentent. 89 % des Français, tous territoires confondus, ont l’impression que la violence augmente et plus d’un quart (27 %) a été concerné, ces dernières années, par une agression ou une tentative d’agression, soit lui-même directement, soit quelqu’un de son entourage. 

La violence subie s’accompagne d’une certaine légitimation de celle-ci : 21 % des personnes interrogées estiment normal que certaines personnes usent de la violence pour défendre leurs intérêts (28 % des moins de 35 ans et 31 % chez les électeurs de La France Insoumise). 

53 % des Français estiment appartenir à une France mécontente mais pas forcément en colère, tandis que 43 % se reconnaissent dans une France très en colère et très contestataire (58 % chez les électeurs du RN, 62 % chez ceux de LFI). 

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Les Français adhèrent aussi aux actions de protestations : 59 % estiment que l’opération "Bloquons tout" du 10 septembre 2025 était justifiée quoique non efficace, et 61 % soutiennent les manifestations organisées à l’appel des syndicats le 18 septembre dernier. 
 
Cette contestation se lit avec une acuité particulière chez les 34 % de Français qui estiment que d'autres systèmes politiques peuvent être aussi bons que la démocratie. Le chiffre monte à 46 % chez ceux qui ne s’intéressent pas à la politique et à 52 % au sein des électeurs RN. 66 % des Français continuent néanmoins à affirmer que le régime démocratique est irremplaçable et qu'il s’agit du meilleur système possible. 

Dans ce contexte, 51 % des Français considèrent que le RN n’est pas un parti dangereux pour la démocratie et 47 % jugent qu’il est capable de gouverner le pays (+ 3 %). 

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L’acceptabilité sociale du RN augmente, tandis que 64 % des personnes interrogées estiment que La France Insoumise est un parti dangereux pour la démocratie et que seuls 21 % pensent qu’il est capable de gouverner le pays 21 %. 

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