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05/10/2023

Tra Mare e Monti : entre autonomie et indivisibilité

Tra Mare e Monti : entre autonomie et indivisibilité
 Benjamin Morel
Auteur
Maître de conférences en droit public à l'Université Paris II Panthéon-Assas

Emmanuel Macron, après s’être rendu en Corse le 27 septembre pour une visite officielle de trois jours à l’occasion de la célébration du 80ème anniversaire de la libération de l'île, puis lors de sa prise de parole à l’occasion du 65ème anniversaire de la Constitution française de 1958, a annoncé qu’il envisageait des modifications constitutionnelles pour accorder un nouveau statut à la Corse. 

Dans le contexte difficile des violences survenues après la mort d’Yvan Colonna des suites de son agression par un codétenu le 21 mars 2022 à la prison d’Arles, le déplacement mémoriel s’est surtout mué en déplacement politique autour de la question de l’autonomie de l’île, vieux serpent de mer sur la ligne de crête entre autonomie et unité de la Nation. Le constitutionnaliste Benjamin Morel analyse, non sans motifs d’inquiétude, les conséquences probables des évolutions annoncées. Tra Mare e Monti : ce n’est pas sans raison que le Gr20 est réputé être l’un des plus difficiles chemin de randonnée des paysages français … 

Les conséquences des annonces d’Emmanuel Macron : 

1. L’alliance des autonomistes et des indépendantistes, menée par Gilles Simeoni et qui représente 46 élus sur 63, avait réclamé l’octroi du pouvoir législatif à l’Assemblée de Corse. Quelles sont les réponses et ouvertures proposées par Emmanuel Macron ? Sont-elles de nature à donner une satisfaction, même partielle, aux autonomistes ? Et aux indépendantistes ?

Le chef de l'État a évoqué un "pouvoir normatif sous le contrôle du Conseil constitutionnel et du Conseil d’État". En l'état, cette notion reste floue. Elle pourrait signifier un pouvoir législatif de plein droit dans des domaines délégués aux collectivités, accompagné d'un pouvoir réglementaire. Ce serait le modèle inspiré de la Nouvelle-Calédonie. La complexité réside dans le fait que l’unité de la République, selon un principe établi depuis la nuit du 4 août 1789, repose sur l’unité du législateur et l’homogénéité de la loi. La loi est l’expression de la volonté générale du souverain. 

Si plusieurs législateurs existent, alors plusieurs souverains coexistent, rompant ainsi l'indivisibilité de la République et du Peuple. 

Si plusieurs législateurs existent, alors plusieurs souverains coexistent, rompant ainsi l'indivisibilité de la République et du Peuple. Ce principe fondamental n'a été écarté que dans le contexte du droit colonial. La Nouvelle-Calédonie en est un héritage, les accords de Nouméa la désignant comme un territoire en "voie de décolonisation".

Aujourd'hui, aucune majorité ne semble prête à acter une telle transformation. Gérard Larcher a été explicite lors de son allocution lundi, à la suite de sa réélection à la présidence du Sénat. Une autre lecture pourrait suggérer un pouvoir réglementaire intervenant sur l’habilitation du législateur dans des domaines spécifiques. C'est ce que sollicite la droite insulaire et ce que prévoyait le projet de loi constitutionnel de 2018, faisant suite au discours de Bastia d’Emmanuel Macron. Cette interprétation pourrait peut-être rassembler une majorité au Sénat, bien qu'elle ne comble pas les aspirations des nationalistes.

Par ailleurs, Emmanuel Macron envisage d'inscrire une communauté culturelle et linguistique corse dans la Constitution. Cela se présente comme une réponse partielle à plusieurs revendications nationalistes. L'une d'elles concerne la reconnaissance d'un peuple corse. 

Il est crucial de comprendre que, constitutionnellement en France, le Peuple n'a pas de définition ethnique, culturelle, ni substantielle. Le Peuple est synonyme du souverain. Reconnaître un Peuple corse impliquerait que le souverain n'existe plus en tant qu'entité unique, mais serait fractionné, or la souveraineté ne peut être divisée, selon un principe vieux comme Jean Bodin. La seule notion de peuples, distincts du peuple français, concerne l'Outre-mer, avec une éventuelle option de sécession, contrairement à la métropole.

Constitutionnellement en France, le Peuple n'a pas de définition ethnique, culturelle, ni substantielle. Le Peuple est synonyme du souverain.

 Les nationalistes corses avaient également plaidé pour la co-officialité de la langue. Pourtant, cette co-officialité serait source de discriminations, car elle exigerait des fonctionnaires en Corse de pouvoir répondre aux citoyens dans cette langue. Or, il n'est pas garanti que la collectivité elle-même soit actuellement en mesure de former ses agents à cette exigence. La proposition d'Emmanuel Macron évite ces écueils, mais ne semble pas, ce faisant, satisfaire les nationalistes les plus radicaux. De plus, elle pose d'autres problèmes. Dans la Constitution, le citoyen n'est défini ni par sa religion, ni par son ethnie, ni par sa culture.

En consacrant pour la première fois une communauté culturelle et linguistique, on rompt avec cette universalité. 

En consacrant pour la première fois une communauté culturelle et linguistique, on rompt avec cette universalité. Si demain, un Breton ou un jeune de banlieue demande la reconnaissance de sa propre culture, comment pourra-t-on lui répondre que la République est universaliste et ne reconnaît que des citoyens sans aucune distinction ? Il conviendra alors d’accueillir leur demande qui ne sera pas moins légitime que celle des Corses.

Ou alors on accepte de hiérarchiser des cultures et des communautés. Une telle hiérarchisation serait alors évidemment en contradiction avec les principes républicains les plus fondamentaux. Cette proposition risque donc, en fin de compte, de ne satisfaire personne et de soulever de nombreux problèmes.

2. Quel sera le processus législatif et institutionnel pour concrétiser ces propositions ? 

La révision constitutionnelle ne peut être effectuée que par l'intermédiaire de l'article 89 de la Constitution. À la suite de la décision du 24 mars 2005, dite "Hauchemaille", le Conseil constitutionnel s'est déclaré compétent pour contrôler les décrets de convocation des référendums. C'est technique, mais cela signifie que ce que le Général de Gaulle a fait en 1962 et 1969 en utilisant l'article 11, soumettant directement le texte à référendum sans passer par le Parlement, n'est désormais plus possible.

Si Emmanuel Macron souhaite faire adopter son texte, il devra obtenir l'approbation du Sénat et de l'Assemblée nationale. Dans cette procédure, le Sénat dispose d'un droit de veto absolu. Il n'est pas question non plus de recourir à l'article 49 alinéa 3, au vote bloqué, pas plus qu’au temps législatif programmé. Les deux chambres doivent s'accorder à la virgule près, sans qu'il ne soit possible d'imposer une décision à l'une ou à l'autre. Ensuite, le chef de l'État a le choix : soit il convoque le peuple par référendum, soit il réunit le Congrès qui se prononce aux 3/5è.

Si Emmanuel Macron souhaite faire adopter son texte, il devra obtenir l'approbation du Sénat et de l'Assemblée nationale.

Ceci étant, deux options se présentent. La première impliquerait un texte dédié exclusivement à la Corse. Un tel texte pourrait, peut-être, recueillir une majorité, notamment au Sénat. En d'autres termes, il s'agirait d'une version plus proche de ce qu'Emmanuel Macron proposait en 2018. L'issue reste incertaine, mais cela demeure possible. La seconde option serait d'intégrer le sujet corse à une réforme plus vaste concernant l'extension du champ du référendum, y compris sur des questions d'immigration. Cette proposition pourrait ne pas plaire à la gauche. Elle pourrait également inclure des sujets tels que l'IVG, l'environnement à l'article 1er et une expansion du référendum d'initiative partagée. Ces éléments risquent fort de déplaire à la droite. Parmi toutes les oppositions, l'idée d'offrir une révision constitutionnelle pourrait ne pas être, évidemment, bien accueillie. Dans un tel contexte, on peut légitimement douter que tout cela aille au bout.

Autonomie et Constitution

3. Faut-il voir dans les annonces présidentielles l’amorce de mesures plus générales de décentralisation ? 

A priori, si l'on se fie aux annonces faites devant le Conseil constitutionnel lors du discours sur les 65 ans de la Constitution et aux références implicites qui y ont été faites, on peut penser qu'il s'agit plutôt de revenir à ce qui avait été proposé en 2018 ou aux récents travaux du Sénat sur le sujet. Pour faire court et ne pas trop complexifier, permettez-moi de me concentrer sur les propositions concernant la métropole et le domaine constitutionnel. L'objectif principal serait de permettre une différenciation normative des collectivités, autorisant celles-ci à adapter ou à déroger à la loi. Prenez par exemple ce que la région Île-de-France a proposé récemment avec Valérie Pécresse. On pourrait aisément imaginer avec ce dispositif une régionalisation du SMIC, une semi-privatisation de l'Éducation nationale, via des établissements privés autonomes agréés par la région mais financés par l'État, ou encore une politique plus restrictive en matière de logements sociaux. La volonté de Laurent Wauquiez de ne pas appliquer les dispositions sur le zéro artificialisation nette, ce qui actuellement signifie encore que l'État se substitue à la région, pourrait aussi s'inscrire dans cette démarche. Une collectivité pourrait ainsi décider de déroger à la loi. Cela répond à une problématique de pression normative sur les collectivités. Les lois sont souvent bavardes et les décrets d'application le sont encore plus, laissant aux collectivités, dans leur champ de compétence, une marge d'appréciation très réduite. En leur permettant de déroger, on reconnaît implicitement qu'on renonce à simplifier le droit en s'abstenant de sur-légiférer et de sur-réglementer. 

Le problème est que, si tout le monde peut déroger, conduire une politique de transition écologique, de logement, etc., deviendra très complexe.

Le problème est que, si tout le monde peut déroger, conduire une politique de transition écologique, de logement, etc., deviendra très complexe. De plus, l'égalité sociale et la pérennité des services publics nationaux seront remises en question. Trouver un équilibre sera délicat, et les propositions maximalistes de Valérie Pécresse, alors que ce "droit à la différenciation" n'est pas encore constitutionnalisé et ne peut pour l'instant que faire l'objet de vœux dans les cadres prévus par la loi 3DS, montrent que certains sont prêts à aller très vite et très loin.

4. Peut-on concilier autonomie et unité de la Nation ? 

En fait, la notion d'autonomie est davantage un slogan qu'une notion juridique. L'autonomie, c'est se donner ses propres normes. En ce sens, une commune est autonome. Un arrêté municipal est effectivement une norme prise à l'échelle de la commune. L'autonomie législative, c'est une autre affaire. Comme je le soulignais plus tôt, elle ne peut être accordée si l'on considère que la loi est l'expression de la volonté générale du souverain, qui est le peuple. Sinon, on rompt l'unité du Peuple, donc du souverain, et par conséquent celle de la République. De plus, l'unité de la loi est une condition de la liberté telle qu'elle est conçue chez Rousseau et dans toute notre tradition républicaine. Si une partie de la nation peut s'exempter des lois, alors ce qui oppresse certains n'en indispose pas d’autres.

La loi peut devenir un moyen par lequel une partie de la Nation opprime l'autre sans être elle-même soumise à cette oppression. Toute loi que je vote doit pouvoir m’être appliquée. Ce principe n'a donc jamais été véritablement remis en cause jusqu'à aujourd'hui, hors statuts coloniaux et régime de Vichy. Si l'on se réfère au site de l'Élysée qui définit les principes fondamentaux de la République, "le principe d'unité et d'indivisibilité garantit l'homogénéité des lois, des droits et des devoirs sur l'ensemble du territoire métropolitain et ultramarin". C’est l’inverse de ce qu’a dit pourtant le Président à Ajaccio. 

La loi peut devenir un moyen par lequel une partie de la Nation opprime l'autre sans être elle-même soumise à cette oppression. Toute loi que je vote doit pouvoir m’être appliquée.

L’autonomie et ses conséquences politiques et économiques : 

5. Quelles seraient les conséquences économiques ou politiques de l’autonomie pour la métropole et pour la Corse ? 

Là encore, il faudrait définir précisément de quoi nous parlons, car le discours d'Emmanuel Macron demeure ambigu. Si vous examinez les vingt régions les plus pauvres de l'Union européenne durant la crise de 2008, la Corse est la seule à ne pas avoir vu son PIB diminuer ni son chômage augmenter. Cela s'explique par la solidarité nationale, notamment par la péréquation, mais pas seulement. 

L'égalité territoriale en France repose principalement sur le salaire minimum, sur le traitement égal des fonctionnaires, et sur les pensions de retraite l’ensemble étant égal sur l'ensemble du territoire. 

Si vous vous penchez sur les analyses du géographe Laurent Davezies, vous constaterez que l'égalité territoriale en France repose principalement sur le salaire minimum, sur le traitement égal des fonctionnaires, et sur les pensions de retraite l’ensemble étant égal sur l'ensemble du territoire. Dans les territoires où il y a de nombreux fonctionnaires ou retraités et qui souffrent d’une absence d’économie productive, ces derniers consomment, permettant ainsi à un tissu commercial et économique de subsister.

Dans les territoires à faible productivité comme la Corse, c'est cette redistribution indirecte qui dynamise l'économie hors saison touristique. Peu importe la définition qu'on donne à l'autonomie, cela ne changera probablement pas grand-chose à cette situation. La proposition de régionaliser le SMIC et la différenciation territoriale précédemment évoquée représente un danger plus grand. En effet, si vous augmentez le SMIC en Île-de-France, et éventuellement le traitement des fonctionnaires et les pensions en fonction du coût de la vie, cela signifie qu'il pourrait diminuer ailleurs, ou augmenter bien plus lentement que l'inflation creusant à termes fortement les écarts. Cela pourrait donc atténuer cet effet redistributif, et mettre en péril l'économie des régions les plus vulnérables, notamment la Corse. Il est donc fort possible que cette dernière soit la première victime de la boîte de Pandore qu’elle a commencé à ouvrir.

D'un point de vue politique, le risque est surtout une surenchère. Dans un livre récent, La France en miettes, j'analysais ce phénomène en le comparant à d'autres pays européens. Nous ne sommes finalement pas très différents de nos voisins qui ont connu ce type de tendance il y a vingt ou trente ans. Les nationalistes corses sont passés en dix ans de 25 à 70 % des voix. Le taux de bretons se disant plus bretons que français est passé en quelques années de 20 à 40 % : c’est le taux des écossais qui se disaient plus écossais que britanniques en 2000.

Il est donc fort possible que cette dernière soit la première victime de la boîte de Pandore qu’elle a commencé à ouvrir.

Lorsque vous associez un statut et des compétences à une identité, vous suggérez aux autres territoires qu'ils sont méprisés s'ils ne bénéficient pas du même statut. Le jour même où Emmanuel Macron prononçait son discours devant l'Assemblée de Corse, le président de la région Bretagne remettait un rapport sur l'autonomie à Élisabeth Borne. Aujourd'hui, certains Corses prennent la Nouvelle-Calédonie comme modèle, bien que celui-ci ne soit absolument pas transposable à la Corse. En Nouvelle-Calédonie, rappelons-le, le suffrage universel a été abandonné, le territoire n'est pas membre de l'Union européenne, et la monnaie est le franc pacifique. Cette référence ne s’impose que pour souligner le souhait d'accorder à la Corse le maximum d'autonomie envisageable. Les Bretons et les Alsaciens, attirés par le modèle corse qui a la plus grande autonomie en métropole, veulent copier un régime pensé explicitement pour une "île-montagne" méditerranéenne. En Grande-Bretagne déjà, les Gallois avaient voté d’un cheveu la dévolution (51 %) avec un statut de moindre autonomie que celui des Écossais. Quelques années plus tard, l’obsession de la vie politique galloise était de ne pas apparaître comme des sous-Écossais et d’obtenir le même statut pour que le Pays de Galles soit reconnu, ce qu’ils obtinrent en 2011. Les Écossais ne voulant pas devenir des Gallois comme les autres exigèrent alors un statut de plus grande autonomie, ce qu’ils obtinrent. Cela frustra les Gallois qui exigèrent un nouveau statut à l’écossaise, ce que ne supportèrent guère les Écossais qui organisèrent alors un référendum sur l’indépendance…

6. Y a-t-il des relais, en métropole, favorables à une indépendance corse ? Le géographe Laurent Chalard relève ainsi les positions d’un ultralibéralisme utilitariste prêt à décharger la République de ce qui lui coûte plus qu’il ne lui rapporte ou celles d’une extrême gauche décoloniale. Dans quelle mesure ces courants sont-ils influents ? Que reste-t-il des courants radicaux en Corse ? 

Sur le continent, nous observons une évolution de la conception du territoire en relation avec le développement des métropoles et la tertiarisation de l'économie. Dans une société industrialisée dotée d'une agriculture puissante, les grandes villes dépendent des campagnes et des villes moyennes industrialisées pour leur approvisionnement. Le tissu économique est équilibré. La décentralisation n'a pas tant affaibli Paris, qui n'a jamais été aussi dynamique, mais elle a favorisé l'ascension des métropoles régionales qui ont aspiré le tissu économique de leur périphérie. La tertiarisation de l'économie a en outre permis à ces villes de fonctionner en réseau et de capter la valeur ajoutée.

L'idée selon laquelle on pourrait se passer de territoires comme la Corse, perçus comme contribuant peu au PIB, s'est ainsi développée.

L'idée selon laquelle on pourrait se passer de territoires comme la Corse, perçus comme contribuant peu au PIB, s'est ainsi développée. On peut critiquer sévèrement cette vision égoïste du monde, mais il faut admettre qu'elle a orienté notre (absence) de politique industrielle et d'aménagement du territoire depuis plusieurs décennies. C’est à cela que l’on doit les défaillances actuelles de l’économie corse. Nous n’avons pas su penser ce territoire, comme d’autres, comme lieu de production de valeur ajoutée.

Sur le plan insulaire, le problème ne réside pas tant dans la position des autonomistes au pouvoir que de leurs héritiers. Les "natios" ont remporté la bataille culturelle avant de la gagner dans les urnes, souvent grâce à l’argent de l'État. Considérez l'université de Corte : elle ne compte que des syndicats indépendantistes, pas simplement nationalistes, indépendantistes. Les étudiants y suivent leurs cours, financés par l'État, dans un amphithéâtre nommé Aquaviva, en hommage à un plastiqueur du FLNC décédé "en mission". 

Les "natios" ont mené une politique d’embrigadement de la jeunesse, rendant celle-ci plus radicale qu'eux. Ce qui s'est produit il y a un an et demi, c'est que cette jeunesse, qui ne reconnaît plus l'autorité de Gilles Simeoni et qui ne rêve que d'indépendance, lui a demandé des comptes. Si l'État a cédé à ce moment, c'est pour préserver Simeoni qui demeure un interlocuteur possible face à une radicalisation du mouvement nationaliste.

Si l'État a cédé à ce moment, c'est pour préserver Simeoni qui demeure un interlocuteur possible face à une radicalisation du mouvement nationaliste.

C'est exactement ce qui est arrivé aux autonomistes de la droite catalane. Arrivés au pouvoir, après avoir tout obtenu de Madrid, ils n'avaient plus rien à offrir que la bonne gestion des acquis. Toutefois, la jeunesse qu'ils avaient formée dans des universités où le castillan était proscrit et où le récit nationaliste était la norme est descendue dans la rue et a exigé d’eux l'indépendance, poussant les vielles élites à s'y rallier. Actuellement, autonomie ou pas, on voit mal comment la Corse pourra échapper à ce scénario.

 

Copyright Image : PASCAL POCHARD-CASABIANCA  / AFP

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