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08/07/2016

Quels enjeux pour le sommet de l'OTAN?

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Quels enjeux pour le sommet de l'OTAN?
 Fanny Anor
Auteur
Ancienne chargée d'études senior

Ce vendredi 8 juillet, l'OTAN accueille son 27e sommet à Varsovie, réunissant chefs d'État, chefs de gouvernement, ministres des Affaires étrangères et ministres de la Défense des 28 États membres de l'Alliance atlantique. Face aux difficultés à construire une véritable politique européenne de sécurité et de défense commune, l'OTAN est resté le pourvoyeur exclusif de sécurité en Europe. Or, aujourd'hui certaines menaces viennent, comme l'a rappelé Angela Merkel, "entamer la confiance des pays de l'OTAN". Ce sommet représente donc une occasion inédite de réaffirmer la cohésion occidentale en matière de défense et de dissuasion. Décryptage des grands enjeux de cette rencontre.

Vives tensions avec la Russie

Le sommet de Varsovie se déroule dans le contexte de menaces croissantes exercées par la Russie à l’Est de l’Europe – annexion de la Crimée en 2014 et opération Anaconda menée récemment en Pologne. Depuis 2000, l’impressionnant programme de réarmement russe et la pression militaire qu’elle exerce sur la frontière orientale du continent ont profondément déstabilisé le système de sécurité européen. L’un des principaux enjeux de ce sommet est donc de définir un positionnement commun de l’Occident et d’adresser un message de fermeté face à la multiplication des provocations russes. Organisé peu après le sommet, le 13 juillet, une nouvelle réunion du Conseil conjoint OTAN-Russie – mécanisme de consultation créé en 2002 – tâchera de concilier cette posture de fermeté avec la volonté d’éviter toute escalade. Également à l’agenda, le bouclier antimissile récemment déployé par l’OTAN en Roumanie. Ce dispositif suscite de vives critiques au Kremlin, qui y voit un outil dirigé contre l’arsenal militaire russe, en particulier sa dissuasion nucléaire.

Réinvestir pour la sécurité du continent européen

Lors de ce rendez-vous l’enjeu sera aussi de parvenir à concilier poursuite des mesures de réassurance, défense des principes de l’Alliance (défense collective, solidarité entre tous, etc.) et engagements de long terme, budgétaires notamment. À cet égard, l’OTAN a diffusé un document présentant l’effort budgétaire de ses pays membres de 2009 à 2016, notamment au regard de l’objectif qui leur a été assigné lors du précédent sommet de Newport ; en vertu duquel les Alliés s’engagent à consacrer 2% leur richesse nationale à la défense d’ici dix ans. Avec une part du PIB national allouée à l’effort militaire estimée à 1,78% pour l’année 2016, la France figure en 6e place : pour l’heure, seuls cinq États membres atteignent le seuil fixé.

Après le Brexit ?

Autre sujet de préoccupation, les implications du Brexit sur l’architecture sécuritaire et militaire en Europe. S’il est indéniable que la défense européenne, au travers de la politique étrangère et de sécurité commune (PESC) et la Politique de défense (PED), sera nécessairement remaniée suite au retrait de la première puissance militaire européenne, il est encore trop tôt pour conjecturer toute évolution en ce sens à propos de l’Alliance atlantique, bâtie au-delà de tout développement institutionnel européen. Si les 28 souhaitent éviter le débat sur le Brexit, la sortie britannique encouragera certainement une coopération renforcée avec l’Union européenne.

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