L'arrivée de Mario Draghi au pouvoir semble avoir fait reculer le mouvement populiste italien et a apporté une certaine stabilité politique. Avec la fin de l'ère Merkel, "Super Mario" pourrait-il devenir la nouvelle figure de stabilité européenne ?
En effet, le Premier ministre italien Mario Draghi est populaire et les partis populistes sont en difficulté. Le Mouvement 5 étoiles, déjà fort affaibli électoralement, est tiraillé entre une composante qui a été en quelque sorte acculturée par les institutions et une aile protestataire. Il est menacé d’une scission entre Beppe Grillo et ses amis qui tentent de préserver les fondements originels du Mouvement, et Giuseppe Conte, désireux de prendre la tête de celui-ci mais en en faisant une formation plus responsable. La Ligue de Matteo Salvini, comme le Mouvement 5 étoiles, soutient le gouvernement de quasi-unité nationale où ses ministres siègent, par exemple, à côté des représentants du Parti démocrate ; cependant, elle aussi est tiraillée entre, d’un côté, sa sensibilité populiste et, de l’autre, les tenants d’une position plus modérée, surtout représentée dans le nord du pays auprès notamment, des chefs de petites et moyennes entreprises. Salvini, qui a perdu de sa superbe et de sa popularité, fait de la navigation à vue, d’autant qu’il redoute la montée en puissance du parti d’extrême droite, Frères d’Italie, emmené par Giorgia Meloni, qui a refusé d’entrer dans l’exécutif de l’ancien Président de la BCE. Giorgia Meloni incarne donc l’opposition et cherche à exploiter toutes les rancœurs, les frustrations, les peurs et les colères des Italiens. Elle continue d’être fort critique de Bruxelles et est plutôt proche du hongrois Viktor Orbán. Tous les partis tirent à hue et à dia, se disputent sur certaines réformes, par exemple celle de la justice, d’autant que se dérouleront en octobre des élections municipales dans quelques grandes villes de la péninsule et qu’ils essaient de gagner des électeurs. Mais tous s’inclinent devant l’autorité de Mario Draghi, alors même qu’il faut savoir utiliser les 222 milliards du plan de relance. Mario Draghi, de par son expérience, sa compétence et sa stature, s’est par ailleurs imposé comme l’un des hommes clefs de l’Union européenne. Non seulement parce qu’il est en mesure de la stabiliser mais surtout de la relancer. Mais il ne pourra pas le faire seul. Il a donc besoin d’Emmanuel Macron, comme du futur Chancelier allemand. Comme il a besoin de la mobilisation des Italiens, ce qui est loin d’être gagné, d’autant que son temps est limité. Au début de l’année 2022, le Parlement italien devra élire un nouveau Président de la République. Si c’est lui qui succède à Sergio Mattarella, cela entraînera des élections anticipées qui pourraient être emportées par la droite, avec une Giorgia Meloni en position de force. Et s’il décline cette proposition que lui font nombre d’élus et de partis, en tout état de cause, des élections politiques se dérouleront au printemps 2023, à la fin de la législature actuelle. Avec le risque, là aussi, que la droite qui pourrait sortir victorieuse de ce scrutin ne poursuive pas la politique de "Super Mario".
Copyright : Ludovic MARIN / AFP
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