Une autre partie de la baisse des dépenses des grandes villes françaises s’explique par un effort accru de maîtrise des dépenses sous l’effet de la rationalisation des dotations de l’État. Les dotations de l’État aux collectivités locales ont diminué de près de 30 % entre 2013 et 2017, passant de 38 à 27 milliards d’euros, avant d’être stabilisées en 2017, dans le cadre du "pacte de Cahors" promu par le président de la République, et par le biais duquel les collectivités se sont engagées à limiter l’évolution de leurs dépenses de fonctionnement à hauteur de 1,7 % par an.
Il est à ce titre intéressant de noter combien les stratégies mises en œuvre pour la maîtrise de la dépense publique locale diffèrent selon les équipes municipales.
Premier levier, celui des dépenses de personnel. Il a été particulièrement activé au nom de la diminution globale des dépenses par les villes de Bordeaux (- 23,4 % depuis 2014) et Toulouse (- 9 %). A contrario, les dépenses de personnel ont nettement augmenté pour les villes de Paris (+ 11,3 %) et Nice (+ 7,1 %).
À Montpellier (- 13 %), Bordeaux (- 16,4 %) ou Paris (- 7,1 %), ce sont les charges de fonctionnement qui ont été réduites entre 2014 et 2018.A contrario, elles ont augmenté dans des villes comme Strasbourg (+ 10 %) ou Lille (+ 4,1 %).
Enfin, certaines villes ont préféré sensiblement diminuer leurs dépenses d’investissement depuis 2014. C’est le cas des villes de Rennes (- 45,5 %), Nantes (- 38,5 %) ou Lyon (- 32 %). En moyenne, dans les onze plus grandes villes françaises, on constate une chute de l’investissement (- 22,2 % depuis 2014).
En matière d’investissement, les dynamiques sont contrastées. Des villes comme Paris, Bordeaux et Lille investissent sensiblement plus que la moyenne avec respectivement des dépenses d’équipement par habitant de 531, 316 et 236 euros. On constatera cependant que respectivement, pour ces villes, les dépenses d’équipement par habitant sont en nette diminution depuis 2014, ayant chuté respectivement de 33 %, 45,6 % et 36,5 %.
Recettes des grandes villes : une évolution fortement caractérisée par la baisse des dotations
Dans certaines villes, les recettes ont particulièrement diminué depuis 2014. Ainsi, les recettes totales de la ville ont diminué de 22 % à Montpellier, de 18,4 % à Bordeaux, de 15,9 % à Rennes, de 13,6 % à Paris et de 12 % à Nantes. Dans le même temps, les recettes totales ont connu une nette augmentation dans les villes de Strasbourg (+ 30 %) et de Nice (+ 11 %).
Dans la très grande majorité des villes, la fiscalité est restée stable depuis 2014. La forte baisse des dotations de l’État (- 27,5 % depuis 2014 en moyenne pour les onze plus grandes villes françaises) a été compensée par une progression des recettes fiscales liée principalement à une augmentation de la population et donc du nombre de contribuables. La quasi-totalité des villes de plus de 200 000 habitants ont connu une augmentation de leur population, à l’exception de Paris et de Nice.
C’est notamment le cas pour la ville de Bordeaux. Depuis 2014, la baisse de la dotation globale de fonctionnement y a été de 32 %. Dans le même temps, le produit de la fiscalité locale directe bordelaise a progressé de 16,9 %, principalement sous l’effet de la dynamique de ses bases fiscales, les taux de la fiscalité n’ayant été relevés qu’une seule fois, en 2015. De même à Rennes, où les taux des taxes et impôts locaux n’ont pas évolué depuis 2010 mais où les recettes fiscales ont progressé de 39 % entre 2008 et 2018.
Ajouter un commentaire