Si la nécessité de lutter contre l’épidémie semble placer la question climatique au second plan, cette crise démontre également la capacité de l’Union européenne à mettre en place des mesures radicalement nouvelles. Quelles mesures permettraient d’éviter que la reprise économique ne se traduise, comme en 2009, par une hausse des émissions de CO2 ?
Au vu de ces trois crises, financière, européenne et sanitaire, il est temps que l’Europe change son logiciel climatique. Au lieu de poursuivre un objectif en quantité (40 % de réduction des émissions d’ici 2030 par exemple), l’Union devrait se fixer un objectif en prix du carbone. Un prix démarrant à 50 euros par tonne de CO2, croissant de 6 % par an pendant les 10 prochaines années, puis à 4 % par an au-delà, me semble désirable.
Les fluctuations massives observées sur le prix du carbone du marché EU-ETS ne sont pas bonnes. Les industriels ont besoin de prévisibilité des prix futurs du carbone pour planifier leur transition énergétique, même si une prévisibilité parfaite est impossible étant donné les incertitudes conséquentes qui pèsent sur la manière dont cette transition pourra se faire. Dans l’immédiat, je soutiens la solution consistant à rafistoler le système EU-ETS en y ajoutant un prix plancher de 30 € par tonne de CO2. Cela créerait un système hybride mêlant un objectif de réduction des émissions avec un objectif d’internalisation de la valeur des dommages climatiques.
En décembre dernier, la Commission européenne présentait son nouveau pacte vert, conçu comme une stratégie de croissance pour une Europe dé-carbonée. Comment lier les plans de relance de l’économie qui seront mis en place à l’issue de la crise et la volonté de réduire les émissions de CO2 initialement inscrite dans le Green Deal ?
Une fois débarrassé de cette crise sanitaire, il faudra accepter de repenser la politique climatique européenne. Le Green Deal qui était en cours d’élaboration avant la pandémie est probablement condamné. L’augmentation importante des dettes souveraines dans l’Union et dans le reste du monde va contraindre la dépense publique pendant longtemps. La capacité des États à subventionner la transition s’est amoindrie. Cette action devra se limiter au financement des infrastructures publiques nécessaires pour coordonner les actions privées, ménages et entreprises. Il faut être honnête et reconnaître que le soutien public aux efforts privés de transition sont hypothéqués.
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