La Russie de Poutine peut dénoncer l'irréversible déclin du modèle démocratique à l'occidentale, l'Union européenne n'en rassure pas moins ces riches russes. Ils ont ici le sentiment que le pouvoir ne pourra les dépouiller de leurs biens d'un simple claquement de doigts. Les plus riches des oligarques sont sans doute à Londres. Riga, si proche géographiquement et culturellement, accueille des fortunes moins considérables.
La communauté juive disparue
À Vilnius, en revanche, on retrouve des intellectuels russes, semi-dissidents, qui profitent du climat de liberté qui règne sur la ville pour s'exprimer, avec une certaine prudence - on ne sait jamais - sur l'évolution interne de leur pays.L'Empire russe avait fermé l'université de Vilnius pendant près d'un siècle, comprenant trop bien qu'il y avait un risque à la laisser prospérer. Aujourd'hui, l'université est bien sûr rouverte. Mais l'atmosphère de richesse intellectuelle a, pour partie au moins, disparu. Dans les trois républiques baltes, principalement la Lituanie et la Lettonie, le levain que constituait la communauté juive n'existe tout simplement plus. À Riga, la grande synagogue récemment reconstruite semble surdimensionnée par rapport à une communauté qui a pour l'essentiel disparu. Il y règne comme un parfum étrange qui n'est pas sans évoquer celui qui flotte au-dessus de Vienne, la capitale d'un empire lui aussi disparu, et dont la population semble comme se perdre dans des habits devenus trop grands pour elle.
Une volonté d'ancrage à l'Ouest
Les Baltes eux-mêmes, contrairement à la compagnie aérienne qui porte fièrement leur nom, Air Baltic, se sentent très peu baltes. Leurs cultures, leurs langues, leurs histoires sont différentes, et surtout leurs indépendances nouvelles trop récentes : moins de trente ans. Les Baltes sont prêts à se fondre dans le moule de l'Union européenne. Les avantages sont trop grands et trop immédiatement visibles. Mais collaborer étroitement entre eux semble moins évident et naturel. Les jeunes, qu'ils soient lettons, lituaniens ou estoniens, veulent surtout être perçus comme des Européens du Nord et non pas de l'Est, autrement dit comme de nouveaux Scandinaves. Leur volonté d'ancrage à l'Ouest passe par le Nord. Les Lumières du Nord, au-delà de l'Union européenne et de l'Otan, semblent constituer pour eux comme un troisième mur de protection, social et culturel celui-là, face aux souvenirs de corruption des temps soviétiques.
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