En tant que Président du Conseil, et avec l’immense autorité qui est la sienne, il continuera de siéger au Conseil européen faisant ainsi entendre la voix de l’Italie, ce qui contentera Paris et Berlin tant ces deux capitales ont des convergences avec l’ancien Président de la Banque centrale européenne, en particulier pour faire évoluer les critères de Maastricht. En retour, il pourra aussi renforcer son aura grâce à l’Union européenne en un moment où celle-ci, du fait des sommes considérables dont bénéficie l’Italie, est mieux vue, perçue et considérée par les Italiens. De la sorte, il peut aussi espérer continuer d’amoindrir la charge anti-européenne de la Ligue et des Frères d’Italie dont les critiques de l’Europe sont moins violentes qu’en 2018-2019, le Mouvement 5 étoiles ayant lui aussi changé sur ce sujet.
Néanmoins, il sera soumis à une guérilla permanente des partis politiques, surtout de la Ligue, Frères d’Italie et du Mouvement 5 étoiles, tous désireux de reprendre la main, d’affirmer leurs différences, et de se faire entendre dans la perspective des élections municipales partielles qui se dérouleront cette année et des élections politiques de l’an prochain.
L’année qui s’ouvre sera donc semée d’embûches pour Mario Draghi. Avec cependant une issue possible pour lui, celle d’accéder à la Présidence de la République si Sergio Mattarella, âgé de 80 ans, n’accomplit pas l’intégralité de son mandat.
L’Italie profite d’une situation politique stable et se voit félicitée pour ses résultats économiques. En maintenant le statu quo, le pays pourrait-il confirmer cette dynamique ?
C’est le paradoxe de ce que l’Italie vient de vivre. La continuité des deux grands postes institutionnels, la Présidence de la République et la Présidence du Conseil, ne signifie pas l’immobilisme. Les deux présidents sont décidés à agir, même si, on vient de le voir, la tâche du Président du Conseil ne sera pas simple.
Mais il reste énormément de travail à accomplir pour réformer l’Italie, avec une dette considérable (154,6 % du PIB) et un déficit qui s’est creusé (9,4 % du PIB). Les chantiers ouverts par Mario Draghi sont titanesques : améliorer la productivité et la compétitivité des entreprises, réformer l’administration publique, réaliser des investissements dans les infrastructures publiques notamment pour les transports, développer le numérique, accroître les capacités de recherche et la qualité de l’enseignement, favoriser la lutte contre le changement climatique, améliorer les services de santé, relancer la démographie, etc.
Mais le drame pour le Président du Conseil est que son temps est compté. Son sort est suspendu au résultat des prochaines élections de 2023. En attendant, le tandem Mattarella-Draghi ne peut que rassurer la majorité des partenaires européens, les États-Unis et les marchés financiers. Mais la fiabilité de l’Italie reste fragile, d’autant que le système politique italien est de nouveau entré dans une profonde crise avec de probables et importants mouvements erratiques.
Copyrght : Filippo MONTEFORTE / POOL / AFP
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