Comment expliquer le ralentissement de l’économie mondiale ?
La croissance mondiale est à la baisse. Le FMI l'a encore confirmé dans ses récentes "perspectives de l'économie mondiale", revoyant ses prévisions à 3,2% pour 2016, contre 3,4% prévus initialement.
Quatre tendances participent à ce ralentissement...
Une économie chinoise tourmentée
Croissance en
baisse, endettement massif des secteurs privé et public, politique
monétaire trop accommodante, risque de dévaluation de la monnaie : la
santé de l’économie chinoise suscite de nombreuses inquiétudes. Si le
gouvernement chinois a réagi en limitant son hard landing – une
récession brutale qui inquiétait grandement les marchés – les outils de
relance utilisés ne risquent d’avoir d’impact qu’à court terme et ne
font que retarder les réformes structurelles pourtant indispensables.
Philippe Le Corre, chercheur à la Brookings Institution et coauteur de L’Offensive chinoise en Europe (Fayard, 2015), analyse la situation pour l’Institut Montaigne.
Des politiques monétaires de moins en moins efficaces
Malgré
l’omniprésence des banques centrales dans le paysage économique actuel,
l’inflation ne décolle pas : en zone euro, elle était nulle en 2015 et
est attendue à 0,5% pour 2016. La chute du cours du pétrole
contrecarre les efforts des banquiers centraux. Les marges de manœuvre
de la FED comme de la BCE sont d’ailleurs réduites, compte tenu des
mesures conventionnelles – baisse des taux d’intérêt –, et
non-conventionnelles – "quantitative easing" (augmentation de la masse monétaire) et "forward guidance"
(orientation des anticipations des taux futurs) – déjà mises en place.
Après des années d’activisme, les banquiers centraux doivent maintenant
répondre à un problème de taille, celui du rendement décroissant des
politiques monétaires.
Des incertitudes politiques et géopolitiques
De
nombreuses échéances politiques pourraient affecter l’économie mondiale
au cours de l’année 2016 : de la procédure de destitution de Dilma
Rousseff au Brésil à l’élection présidentielle américaine de novembre,
en passant par les négociations du traité transatlantique ou le
référendum britannique du 23 juin prochain, l’actualité est riche.
L’impact
de ces événements sur le court et long terme est difficilement
chiffrable. L’Union européenne en particulier vit une année décisive,
tant économiquement - les conditions d’un potentiel traité de
libre-échange avec les États-Unis étant toujours en discussion - que
politiquement, avec la poussée du populisme et la potentielle sortie du
Royaume-Uni de l’Union.
Découvrez les propositions de l’Institut Montaigne pour renforcer l’Europe politique.
Dans
un système d’interdépendance généralisée, chaque pays utilise les
leviers qui sont à sa disposition pour préserver, voire accroitre, ses
intérêts stratégiques. Les États-Unis utilisent en premier lieu leur
monnaie, l’Arabie Saoudite le pétrole, la Turquie les flux migratoires,
l’Union européenne sa puissance réglementaire. En retour, ces mêmes
puissances tentent de limiter cette interdépendance. L’exemple
d’internet est frappant : de nombreux pays tentent actuellement de faire
émerger des systèmes et des entreprises nationales dans ce domaine, au
point que l’on parle à présent de "splinternet".
Des sociétés en plein vieillissement
Le
vieillissement des populations constitue un défi majeur pour les
économies développées qui connaissent depuis de nombreuses années un
faible taux de natalité. Les dépenses en matière de santé seront amenées
à augmenter en proportion du nombre de seniors mais aussi du fait de
l’innovation qui, si elle permet de vivre plus longtemps, présente un
coût non-négligeable.
Pour répondre aux défis de santé, un taux
de croissance soutenu est nécessaire : compte tenu de la faible
évolution de la force de travail, le ratio actif/retraité étant en
constante dégradation, un gain de productivité est indispensable pour
assurer le bon fonctionnement des systèmes de santé.
Découvrez les propositions de l’Institut Montaigne pour faire du bien-vieillir un projet de société.
Ajouter un commentaire