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03/08/2010

Le dilemme européen

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Le dilemme européen
 François Rachline
Auteur
Directeur général de l'Institut Montaigne de 2009 à 2010

Tandis que les Etats-Unis, la Chine et l’ensemble du monde émergent (70 % du PIB mondial) ne pensent qu’à la croissance, l’Europe, notamment sous l’impulsion d’Angela Merkel, ne parle que de rigueur, voire d’austérité. Est-il possible de concilier ces deux tendances ? Est-il envisageable, dans l’Union européenne même, de conduire le nécessaire désendettement souverain tout en conservant l’impératif de croissance ? Tel est le dilemme du Vieux continent.

Tout le problème est que la rigueur ne crée pas d’activité. Elle a pour objectif premier de regagner la confiance des investisseurs, donc de promouvoir le plus long terme. Compte tenu des montants qualifiés de colossaux, la réduction des déficits doit donc être engagée – elle l’est un peu partout dans l’UE – mais aussi étalée dans le temps. Et pourtant, seule une reprise de la croissance pourra contribuer à en alléger le poids. C’est d’ailleurs ainsi qu’on peut lire les décisions arrêtées à l’issue du G20 de Toronto, le 27 juin dernier. Aussi l’Europe est-elle apparue comme la plus fragile et la moins propre à défendre cette orientation générale. Objet de vives critiques (on se souvient des propos tenus par Christine Lagarde dans le Financial Times sur les contradictions du modèle d’outre-Rhin fondé sur les exportations), l’intransigeance de Berlin n’a cependant pas pour objectif de condamner l’euro mais d’en défendre la solidité. C’est la raison pour laquelle plusieurs pays membres devront poursuivre leur effort de réduction des dépenses publiques dans le même temps où l’UE devra soutenir des investissements d’infrastructure, de connaissance, d’éducation, déterminants pour favoriser la croissance.

L’ambiguïté de la situation européenne actuelle se résume donc en ceci : se frayer un passage entre les exigences financières nationales du court terme (2 à 3 ans) et la nécessité communautaire du long terme (au moins 15 ans). La solution consiste à se doter d’instruments communs pour financer solidairement des projets consacrés au développement de l’Union. L’Institut Montaigne plaide sans relâche pour la mise en œuvre d’un Eurobond, que d’aucuns baptisent Bons du Trésor européens ou encore mutualisation de l’endettement. Qu’importe le vocable. Même si la route est longue, l’idée fait son chemin.

- Télécharger l'Etude Pour un Eurobond - Une stratégie coordonnée pour sortir de la crise (Institut Montaigne, Février 2010)

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