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07/06/2010

L’Europe en marche vers l’Eurobond

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L’Europe en marche vers l’Eurobond
 François Rachline
Auteur
Directeur général de l'Institut Montaigne de 2009 à 2010

Le tic-tac des marchés financiers n’est pas celui du politique. Quand les premiers filent à la vitesse de la lumière, le second reste parfois embourbé dans les méandres de la négociation. Le bon sens, qui devrait mener le monde, n’est pas toujours à l’honneur. La crise grecque n’en finit pas de montrer à quel point la démocratie exige du temps là où la finance impose sa célérité. Il a fallu plusieurs semaines à l’Allemagne pour admettre l’impératif de solidarité, plusieurs semaines aussi pour que des deux côtés du Rhin on se souvienne que sans le bloc-moteur franco-allemand l’Union européenne est en danger de mort. Pendant ce temps-là, le dollar passait de 1,45 à 1,19 €.

Le 5 mai dernier, l’auteur de ses lignes défendait à Berlin, devant des membres du Bundestag, la proposition de l’Institut Montaigne de créer un instrument de financement budgétaire commun, l’Eurobond, dans un premier temps limité à l’Allemagne et à la France avant d’être élargi à d’autres pays. La première réaction ne fut pas positive, mais 15 jours plus tard, l’Union était passée d’un plan de 35 milliards d’€ à un effort de 750 milliards. Cela n’a pas enrayé la hausse du dollar, mais cela prouvait à quel point la situation évoluait rapidement. La très maladroite position de la Commission européenne – qui plaide pour une espèce de contrôle a priori des budgets nationaux, avant les Parlements des pays membres – contribue peut-être, involontairement, à promouvoir l’idée d’un eurotitre obligataire souverain.

Toujours est-il, comme le répète l’Institut Montaigne depuis mars 2009, que l’Eurobond n’est évidemment pas incompatible avec la conception d’une vraie gouvernance monétaire et financière européenne. Au contraire. De ce point de vue, les choses vont plutôt dans le bon sens. La solution à laquelle viennent de parvenir les pays de la zone euro, vendredi 4 juin, est proche de notre proposition. C’en est, pour ainsi dire, une version a minima. L’Europe met donc en œuvre aujourd’hui de nouvelles dispositions pour renforcer la solidarité financière en son sein. Certes, la solution adoptée reste un peu frileuse. Le Luxembourgeois Jean-Claude Junker, président de l’Eurogroupe, ne vient-il pas de déclarer : "Est-ce que le véhicule que nous allons mettre en place lundi peut revenir à l'émission d'Eurobonds ? Si je disais oui, on ferait tout pour empêcher la naissance de l'instrument". Cependant, l’Europe est sur la bonne voie. Si le courage politique est au rendez-vous du bon sens, il ne faudra plus désespérer de l’Union. Et conclure que deux pays lui auront in fine rendu un fier service, la Grèce et l’Allemagne.

Afin de poursuivre la réflexion et de continuer à nourrir le débat public, un groupe de veille France-Allemagne vient d’être constitué au sein de l’Institut Montaigne. Il est présidé par Christian Lequesne, Directeur du Centre d’études et des relations internationales (CERI) de Sciences Po.

Télécharger le Rapport de l'Institut Montaigne "Pour un Eurobond - Une stratégie coordonnée pour sortir de la crise"

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