Rechercher un rapport, une publication, un expert...
L'Institut Montaigne propose une plateforme d'Expressions consacrée au débat et à l’actualité. Il offre un espace de décryptages et de dialogues pour valoriser le débat contradictoire et l'émergence de voix nouvelles.
08/10/2009

Le dollar en émoi

Le dollar en émoi
 François Rachline
Auteur
Directeur général de l'Institut Montaigne de 2009 à 2010

Il a suffi que le correspondant de The Independent Moyen-Orient, Robert Fisk, fasse état de discussions qui auraient porté sur le remplacement du dollar par un panier de devises incluant le yen, le yuan, l'euro, l'or et une monnaie unique qu'envisagent de créer les Etats du Conseil de coopération du Golfe (Arabie saoudite, Emirats arabes unis, Koweït, Bahreïn, Oman et Qatar) pour que les démentis officiels pleuvent. Non seulement il n’en serait pas question, mais, à supposer que l’idée soit retenue, elle ne pourrait entrer dans les faits que d’ici une dizaine d’années.

S’il fallait une preuve que le discours et la réalité s’imbriquent dans le monde contemporain, l’émoi suscité par cette fausse nouvelle la fournirait. Que les propos tenus par un observateur (journaliste, économiste) ou par un acteur (ministre, banquier central) soient un ballon d’essai plus ou moins efficace (prêcher le faux pour savoir le vrai) ou une technique plus ou moins maladroite (faire l’âne pour avoir du son), la réaction témoigne de la sensibilité du sujet. Une monnaie forte étant une monnaie dont on anticipe la demande, le dollar est une monnaie faible. En 1975 déjà, les pays de l’OPEP (Organisation des pays exportateurs de pétrole) avaient envisagé de déterminer le prix du pétrole en Droits de tirages spéciaux (DTS), panier de 16 monnaies bientôt réduit à 5, pour déconnecter les cours du brut des fluctuations de la devise américaine, donc pour les stabiliser.

Aujourd’hui, la question est plus globale. Tout simplement parce que le marché des changes est de loin le plus important de tous les marchés (plus de 3 500 milliards de dollars échangés journellement). La question de la reconstruction financière ne peut faire l’économie d’une réorganisation monétaire. Pour une raison majeure : le dollar et l’euro sont les deux seules monnaies de réserve (2/3 contre 1/3). Toute variation importante de l’un par rapport à l’autre a d’immédiates conséquences sur l’ensemble du monde financier (transferts de fonds, achats et ventes de devises, emprunts, prêts), compte tenu de la libre circulation des capitaux. Il est donc impératif de ne pas seulement s’attacher à la régulation financière mais aussi à la régulation monétaire.

Nos propositions en matière de régulation financière mais aussi monétaire :
Reconstruire la finance pour relancer l’économie
Entre G2 et G20, l'Europe face à la crise financière

Recevez chaque semaine l’actualité de l’Institut Montaigne
Je m'abonne