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03/08/2009

Réguler l’endettement de façon globale

Réguler l’endettement de façon globale
 François Rachline
Auteur
Directeur général de l'Institut Montaigne de 2009 à 2010

En 2014, la dette publique de la France devrait atteindre 95,5% de son PIB. Autant dire lui être égale. Le chiffre actuel est de 63,8%. C’est le FMI qui l’affirme dans son dernier Rapport de surveillance budgétaire multinational.

Si notre pays n’est pas dans la meilleure des situations financières, il n’est pas non plus le plus mal loti. L'ensemble des pays développés verra sa situation se dégrader, le ratio endettement/PIB atteignant 120% en moyenne dans 5 ans. Les Etats-Unis passeraient à 112% (contre 63,1% avant le début de la crise en 2007). Quant au Japon, il détiendra le record avec 239,2%. Le Royaume Uni passera de 44,1% à 99,7%, l’Allemagne de 63,6% à 91,4%.

Que signifient ces chiffres ? D’un point de vue strictement national, ils peuvent effrayer. Cela dit, l’important n’est pas l’endettement, mais la capacité de financement. Celle-ci peut provenir des fonds disponibles immédiatement (liquidité) ou des biens réalisables (solvabilité). En d’autres termes, il faut être capable de faire face au poids de sa dette : non pas s’endetter à nouveau, mais rembourser.

Tout le problème est que les Etats se sont endettés massivement pour venir au secours de la finance depuis un an. Le paradoxe, comme l’avait signalé la Note Montaigne de mars 2009 est qu’il fallut recourir au surendettement (notamment des Etats) pour résoudre un problème d’endettement (des ménages initialement avec les subprimes). La situation du monde aujourd’hui se caractérise par des pays avancés hyper endettés (ceux cités précédemment) que seuls des pays émergents accumulateurs de devises peuvent financer (Chine, Inde, Brésil, Moyen Orient). Comment ? Par des prêts ! La seule autre solution serait la création monétaire, source d’inflation. Un remède peut-être pire encore que le mal.

Autrement dit, la période 2010-2014 devrait voir une concurrence acharnée entre les grands pays débiteurs pour obtenir de nouveaux moyens de financements, cette fois des pays créditeurs. Cette concurrence risque de faire des victimes : les plus lents à s’organiser, les moins souples pour se réformer. Surtout, elle va rendre plus urgente encore une véritable régulation à l’échelle mondiale. Seul un organisme non national – une banque centrale mondiale – à l’image de ce qu’est la Banque centrale européenne pourrait permettre d’affronter la question de façon globale. Est-ce utopique ? Il fut un temps où tout écologiste passait pour un hurluberlu.

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