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15/07/2009

G8, G20, G170 ?

G8, G20, G170 ?
 François Rachline
Auteur
Directeur général de l'Institut Montaigne de 2009 à 2010

Depuis le début du xxe siècle, l’ensemble des pays de la terre est devenu ce qu’il est convenu d’appeler le monde. Peu à peu, le concept de globalisation a envahi les esprits, au point de se faire passer pour une pensée. L’interdépendance des Etats, des marchés, des entreprises, des institutions et même des individus s’affirme chaque jour d’avantage. La crise actuelle ne devrait pas remettre en cause cette tendance, au contraire : sa diffusion est générale, et quand le riche doit se restreindre, le pauvre finit par mourir.

Dans ce contexte, le G8 fait figure d’archaïsme. Dès sa naissance, en dépit des dénégations réitérées, cette réunion des huit pays les plus avancés de la planète a ressemblé à une sorte de directoire de l’économie mondiale. La montée de ce qu’on désigne par le terme de « pays émergents » a rendu caduque ce groupe trop limité. La crise majeure des années 2007/2008 a promu le G20 au rang de nouveau comité de pilotage du monde. Elle témoigne, au-delà des péripéties financières, d’un glissement depuis longtemps annoncé, celui du centre du monde vers l’Asie. Il reste cependant 170 pays (171 avec le Vatican, qui vient justement de publier une communication du Pape sur la crise financière) exclus de ce noyau plus ou moins dur qui commande à l’économie mondiale. Ceux là n’ont guère leur mot à dire. Les experts du FMI le savent bien qui doivent rencontrer régulièrement les 156 pays membres ne participant jamais aux réunions décisives, pour leur expliquer les orientations prises dans le cadre du G20.

Il serait sans doute utopique de réclamer un G171, qui serait paralysé au moment d’arrêter des mesures d’urgence, notamment dans le cas d’une crise financière majeure. En revanche, il ne serait pas absurde de créer une organisation mondiale de la finance (OMF) à l’instar de l’Organisation mondiale du commerce, non pour gérer la finance mondiale mais pour l’organiser dans les années qui viennent. Les fonds souverains, les fonds spéculatifs, la finance islamique, le rôle des banques centrales, la fixation de règles comptables : autant de sujets qui ne peuvent être traités seulement dans le cadre d’un G20.

Une mesure transitoire serait de mettre en place un comité permanent de gestion de la crise, certes issu du G20 mais chargé aussi des relations avec le reste de la communauté internationale. C’était une des propositions de l’Institut Montaigne avant la réunion du 2 avril 2009 à Londres. Elle reste d’actualité.

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