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05/02/2009

Prison : malaise dedans, malaise dehors

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Prison : malaise dedans, malaise dehors
 Michaël Cheylan
Auteur
Contributeur sur les questions africaines

Parmi les griefs communément formulés à l’encontre de la prison, il en est deux sur lesquels tout le monde s’accorde. L’incarcération d’abord, dont les conditions sont parfois à la limite du supportable, comme en témoigne le nombre important de suicides en prison. En 2008, pas moins de 115 détenus se sont suicidés. De ce point de vue, l’année 2009 commence fort : 11 suicides en 14 jours...

Deuxième grand reproche fait à la prison : la réinsertion qui, en l’état actuel des choses, est, sinon inexistante, à tout le moins inefficace. Des initiatives méritoires existent certes, mais elles demeurent isolées. Cette carence explique en (grande) partie le taux de récidive important que connaît notre pays.

Sans verser dans les solutions faciles et démagogiques, il est possible de mieux préparer le retour à la vie sociale des ex-prisonniers. Cela passe évidemment par une formation adaptée, dispensée durant la période d’incarcération. Mais aussi, une fois leur peine purgée, par des opportunités d’emplois, sans lesquelles le risque de "rechute" est important. C’est là que l’effort doit porter.

Développer des partenariats locaux de formation avec les organisations professionnelles des métiers qui cherchent de la main d’œuvre (bâtiment, hôtellerie-restauration, transports routiers, informatique, etc.) ; supprimer l’exigence d’un casier judiciaire vierge pour entrer dans la fonction publique (l’État, les collectivités et les établissements publics devant donner l’exemple en matière d’embauche de personnes ayant payé leur dette à la société), sont autant d’exemples de mesures qui, si elles étaient mises en œuvre, permettraient de faciliter la réinsertion – et, dans certains cas, l’insertion tout court – des ex-détenus dans le monde du travail.

C’est à cette condition que l’on pourrait "rendre la prison (enfin) utile" (c’est le titre du rapport de l’Institut Montaigne dans lequel les propositions énoncées sont formulées) et, par là même, éviter que le malaise qui frappe les détenus à l’intérieur des prisons, ne les poursuivent une fois ceux-ci à l’extérieur.

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