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11/02/2008

Europe : Pour une politique énergétique commune

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 Michaël Cheylan
Auteur
Contributeur sur les questions africaines

Pourquoi une politique européenne de l’énergie ? Et bien, tout « simplement » pour lui permettre à elle, l’Europe, de maintenir sa puissance industrielle et économique, et à nous, Européens, de maintenir sur le long terme un niveau de vie élevé. Une politique de l’énergie pour l’Europe, cela signifie d’abord la sécurisation de ses approvisionnement extérieurs. Le Vieux continent, en effet, est très dépendant d’un point de vue énergétique du reste du monde : de la Russie, au Maghreb, en passant par le Golfe Persique, l’Afrique Sub-saharienne, l’Amérique latine, etc.

Les choses, de ce point de vue, n’iront pas en s’améliorant. Les évolutions énergétiques connues laissent à penser que l’Europe deviendra, dans les années à venir, de plus en plus vulnérable. Elle pourrait dépendre en 2030 pour 70 % de ses besoins d’énergies importées. La question qu’elle doit se poser – et résoudre - est donc simple : comment peser dans un monde de l’énergie qui échappe de façon croissante à l’influence de chacun de ses États membres qui, chacun pris isolément, ne pèsent rien ou si peu ?

Il lui faudra d’abord parler d’une seule et même voie, car aucun pays européen n’est capable à lui-seul d’infléchir le rapport de force avec les grands pays producteurs d’énergie. Ce n’est qu’une fois ce principe acté que l’UE devra faire l’effort :

1) d’engager des négociations bilatérales pour rééquilibrer la donne entre les pays producteurs qui se voient ouvrir l’accès au marché européen, tout en maintenant leurs monopoles d’exploitation ou d’exportation et en refusant l’ouverture de leurs réseaux, et des compagnies européennes qui ne peuvent dans certains pays producteurs que très difficilement accéder à l’amont (activités d’exploration et de production).

2) de favoriser les relations de partenariat entre les pouvoirs publics et les entreprises privées européennes pour préparer des stratégies d’action communes vis-à-vis des pays producteurs. Cette mesure suppose la mise en place d’une structure permettant d’organiser la concertation. Le haut responsable pour la PESD (Politique européenne de sécurité et de défense) pourrait être cette structure d’accueil, en coopération avec la Haute autorité pour l’élaboration des choix énergétiques européens.

L’énergie, instrument économique et outil politique, est un enjeu majeur de civilisation. Plus modestement et à plus court terme, elle est pour l’Europe une excellente occasion de se « faire la main » en poursuivant son intégration politique et en s’affirmant sur la scène internationale.

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