Finalement, les agents publics s’épuisent à renseigner d’innombrables informations statistiques, souvent peu en rapport avec leur activité réelle, et qui ne sont examinées par personne. D’une nouvelle constitution financière qui visait la réforme de l’État par la performance, en s’appuyant sur les résultats et non sur les moyens, il est résulté une batterie gigantesque d’indicateurs totalement indifférents au Parlement qui persiste à vouloir infléchir le budget initial alors que c’est la fonction de l’Exécutif.
Les principes fondateurs, - qui visaient un changement de logique, une confiance a priori, une culture de résultats plus que de moyens, un élan managérial, des pratiques innovantes, de nouvelles responsabilités avec des marges de manœuvre élargies, - ont été dévitalisés par un appareillage bureaucratique bloquant. Mais rien n’est perdu, les conséquences de la crise sanitaire peuvent appeler à retrouver l’esprit des fondateurs, à supprimer les obstacles administratifs et s’engager vraiment dans une nouvelle gouvernance fondée sur la confiance a priori et le contrôle a posteriori.
La crise pandémique a mis l'État et ses services sur le devant de la scène, dans tous les domaines de l'action publique. Quelles sont selon vous les principales leçons de cette période ?
Cette crise a révélé absolument tout ce que le centralisme bureaucratique français peut avoir d’absurde et de contre productif. Elle a mis à nu un fonctionnement public chaotique mais dont l’apparence était restée sauve. Les Français s’étaient habitués à une organisation désuète, mais ils se sont indignés quand des vies sont apparues menacées par ce système kafkaïen. Le virus de la complexité a entraîné la machine administrative dans une production insensée de formalités, de procédures et normes incompatibles avec l’urgence.
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