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30/09/2015

Un lycée trop coûteux, une école primaire en difficulté

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Un lycée trop coûteux, une école primaire en difficulté
 Fanny Anor
Auteur
Ancienne chargée d'études senior



Le coût du lycée est exagérément élevé en France selon la Cour des comptes
La Cour des comptes a publié hier un rapport sur le coût du lycée en France. Verdict : le coût des lycéens français est supérieur de 38 % aux autres pays de l'OCDE. Plusieurs facteurs expliquent cet écart : des volumes de cours très élevés, de très nombreuses options et spécialités, le format du baccalauréat et la rigidité du cadre de gestion et de gouvernance.

Le lycée : réceptacle des inégalités
Cet investissement dans l’enseignement secondaire n’a pourtant pas permis de démocratiser l’accès aux séries générales du baccalauréat. En dépit des 25,9 Mds€ dépensés en 2012 en faveur du lycée, les enfants issus de milieux favorisés sont quatre fois plus nombreux que les élèves issus de milieux défavorisés à se présenter aux titres des séries générales. Et, à la sortie du système éducatif, "les élèves sortants sans diplôme ont pour 34% un père ouvrier, pour 31% un père employé et seulement pour moins de 10% un père cadre supérieur ou exerçant une profession libérale".

L’enseignement primaire demeure le parent pauvre de notre système éducatif
Le système éducatif français se singularise par un déséquilibre entre le sous-investissement consenti au primaire et le surinvestissement au profit du secondaire. En février dernier, la DEPP (Direction de l'évaluation, de la prospective et de la performance au sein du ministère de l’Éducation nationale) soulignait que la France se distingue par des dépenses par élève au sein du primaire nettement inférieures à celles des autres pays de l’OCDE, de 30 % en moyenne.

Cette sous-dotation au détriment de l’enseignement primaire se traduit par un nombre d’élèves par enseignant à l’école maternelle et à l’école élémentaire très supérieur aux pays les plus performants de l’OCDE (22 élèves à l’école maternelle et 19 élèves à l’école élémentaire en France, contre respectivement 11 et 14 en Finlande et 12 et 16 en Allemagne). Les salaires des enseignants du premier degré sont également très inférieurs aux salaires des enseignants finlandais (- 21%) ou des enseignants allemands (- 68%).

Pourtant, depuis les années 1960, les acquis de la recherche ont clairement établi que le taux d'encadrement des jeunes enfants et les interactions qui leur sont offertes sont essentiels pour acquérir des bases solides le plus tôt possible et assurer un parcours scolaire normal. . Le rapport de la Cour des comptes nous rappelle que la réallocation des moyens en faveur des segments prioritaires de notre système éducatif – la maternelle et l’élémentaire – est encore loin d’être engagée, alors que chaque année 40 % des élèves arrivent en 6ème avec des acquis fragiles dans les compétences fondamentales.

Pour aller plus loin
Consulter la note, Contribution à la concertation sur l'école: priorité au primaire, juillet 2012.
Consulter le rapport, Vaincre l’échec à l’école primaire, avril 2010.
Revoir Vidéo de l’ouverture du colloque "La petite enfance : clé de l’égalité des chances", par Laurent Bigorgne, directeur de l'Institut Montaigne
La Minute Montaigne – La France fabrique de l'inégalité sociale par Laurent Bigorgne
Interview de Laurent Bigorgne, directeur de l'Institut Montaigne, par Marie-Christine Corbier, parue dans Les Echos du 3 décembre 2013.

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