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04/07/2008

Un FBI à la française

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La toute nouvelle Direction Centrale du Renseignement Intérieur (DCRI), est portée ce mardi sur les fonts baptismaux. Issue de la fusion entre la DST et les RG, elle a vocation à devenir une sorte de FBI à la française?

La fin de deux mythes D.C.R.I. : ces 4 lettres incarnent la mue du renseignement français avec au passage la disparition de deux organisations mythiques, la DST (Direction de la surveillance du territoire, contre-espionnage) s’éteint après 60 ans d’existence, quant aux RG (Renseignements généraux, surnommés "les grandes oreilles" du Gouvernement, quelque chose d’ailleurs unique en Europe), ils étaient plus que centenaires.

FBI frenchy Effectivement, on peut y voir une sorte de duplication du modèle américain, puisque cela débouche sur une organisation cousine du FBI – son patron rendra compte directement au locataire de l’Elysée, la DCRI regroupera 4 000 fonctionnaires qui auront pour mission de déjouer les attentats, de débusquer les espions infiltrés, de défendre l'intégrité de l'Etat mais aussi des entreprises françaises.

Changement de tendance Le Renseignement devient dès lors une priorité absolue, d'autant plus que le Gouvernement s’est lancé dans une opération un peu symétrique sur le plan extérieur - rappelez-vous la principale nouveauté du Livre Blanc sur la Défense, rendu public il y a quelques semaines mettait l'accent sur les Renseignements avec à la clé un doublement des crédits. Il s'agissait en réalité d'une opération "rattrapage", car jusqu' à présent, le renseignement extérieur n'a jamais été considéré, chez nous, comme une fonction majeure pour l'armée ! Muscler notre renseignement, tant sur le plan intérieur qu'extérieur, me paraît d’ailleurs nécessaire, parce que c'est tout simplement le meilleur moyen de lutter contre deux des principales menaces d’aujourd'hui : le terrorisme et la criminalité internationale.

Deux fois deux en un Pour renforcer l'efficacité de nos services et si l’on veut aller jusqu’au bout de la démarche deux réformes sont envisageables. Tout d’abord, la fusion entre organismes existants qui sont parfois redondants. Des réflexions sont déjà en cours sur le sort de la Direction du renseignement militaire qui pourrait être rapprochée de la Direction de la protection et de la sécurité de la défense. Autre piste : le rapprochement de la Direction nationale du renseignement et des enquêtes douanières (la DNRED) et de Tracfin, structure de Bercy chargée de la détection des mouvements financiers frauduleux.

Unis face au crime Une 2ème marge de manœuvre reste possible : celle que donnerait une collaboration plus étroite entre les services de Renseignements des Etats membres de l'Union européenne, car pour les terroristes et les criminels, les frontières n’existent pas ! Les attentats de Londres et de Madrid ont montré que ce type d’actes a toujours des ramifications internationales. Systématiquement, des préparatifs se situent ici, des agents dormants là, et pour finir un drame encore ailleurs. Aussi, l’intensification de la coopération entre services de renseignement relève de l’évidence.

Un mandat d’arrêt européen plus fort Des initiatives ont déjà été prises, notamment dès 2003 par le Royaume Uni, la France, l’Allemagne, l’Espagne et l’Italie qui ont engagé une collaboration plus étroite pour lutter contre le terrorisme. Ce type de collaboration mériterait d'être approfondi et aussi élargi à d'autres pays. Mais le retard s’accumule moins en amont, dans la phase policière, qu'en aval, dans la phase judiciaire. S’agissant du « mandat d’arrêt européen » voulu par les Gouvernements après les attentats du 11 septembre, sa mise en œuvre laisse franchement à désirer et l’on a même l’impression que chacun traîne des pieds. Il faudrait pourtant que ce mandat européen devienne la norme, qu’il fonctionne. Il représenterait une étape importante dans la lutte contre le crime organisé et enverrait le signal suivant aux peuples : l’Europe peut être concrète, elle peut nous concerner et elle est aussi là pour nous protéger !

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