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26/03/2014

Un budget britannique 2014 pour les entreprises et les épargnants

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Un budget britannique 2014 pour les entreprises et les épargnants
 Institut Montaigne
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Institut Montaigne


Cet article a été co-rédigé avec le Cercle d'Outre Manche


Le 19 mars dernier, le chancelier de l'Échiquier George Osborne a présenté le budget 2014. Dernier budget appliqué avant les élections de mai 2015, il n'est pas à proprement dit "pré-électoral". En effet, s'il préserve l'emploi, il est très nettement favorable aux entreprises et aux épargnants tout en poursuivant la politique d'austérité engagée par le gouvernement : "La reprise se poursuit, et plus vite que prévu, mais le travail est loin d'être achevé" a-t-il affirmé. Ce faisant, le gouvernement renforce sa politique de l'offre qui obtient des résultats spectaculaires en matière de croissance et de recul du chômage, le déficit public restant quant à lui préoccupant.

En présentant les grandes lignes budgétaires pour l’année 2014, George Osborne a annoncé la plus importante révision à la hausse de la prévision de croissance depuis 30 ans : l’économie britannique devrait croître de 2,7 % cette année contre 1,8 % prévu il y a un an. L’OBR – le bureau de responsabilité budgétaire britannique - prévoit une croissance de 2,3 % en 2015 (contre 2,2 % prévu auparavant). C’est aujourd'hui la croissance la plus rapide du monde développé. Le taux de chômage (7,1 % en novembre 2013) est tombé à son plus bas niveau depuis la crise financière de 2008. Enfin, malgré la hausse des prix alimentaires et de l’énergie au cours des quatre dernières années, l’inflation est retombée à 2 %, l’objectif fixé par l’équipe travailliste en 2009.

Le budget s’articule autour de quatre grands axes : la stabilité économique et les finances publiques, le soutien aux entreprises, une réforme de l’épargne et des mesures en faveur des ménages.

La dégradation des finances publiques reste le gros point noir de l’économie britannique. La dette publique reste à 91,4 % du PIB, contre 67,1 % en 2009. Le déficit public, qui s’élevait à 11,4 % du PIB en 2009-2010, est de 6,3 % actuellement et devrait atteindre 5,5 % en 2014-2015. Il devrait être résorbé d’ici à 2018-2019. George Osborne a annoncé des restrictions dans le budget de la sécurité sociale et une limitation des augmentations de salaire dans le secteur public. La durée du programme de consolidation budgétaire est étendue de deux ans, jusqu’en 2018-2019.

Parallèlement, le taux d’impôt sur les sociétés baissera à 20 % en avril 2015 : ce sera le taux le plus bas au sein du G7 et du G20 (contre 33,33 % en France et même 38 % lorsque le chiffre d’affaires dépasse les 250 M€). Afin d’améliorer la compétitivité du pays, le dispositif de financement des exportations est également amélioré et simplifié.

Afin de renforcer l’économie en faveur de l’investissement des entreprises et des exportations, George Osborne a annoncé la création d’une enveloppe de 7 Mds £ pour réduire la facture énergétique des entreprises en allégeant leurs contraintes écologiques. Il a également débloqué 3 Mds £ pour donner au Royaume-Uni le programme de soutien public au financement "le plus compétitif d’Europe". Le montant des investissements que les entreprises peuvent effectuer en franchise totale d’impôts double pour atteindre désormais 500 k£ jusqu’à fin 2015 (à mettre en regard du plafond de 9 000 € du dispositif Madelin).

Sur le plan fiscal, la réforme de l’épargne, considérée par le gouvernement comme "la plus ambitieuse depuis 1921" a pour objet de rediriger l’argent vers l’économie. C’est d’abord le seuil d’imposition sur les revenus des ménages qui est relevé. Le dispositif Help to Buy, qui permet aux ménages d’acquérir un logement, est prolongé jusqu’en 2020. Ensuite, les comptes épargnes individuels (ISA) défiscalisés sont simplifiés et leur plafond est relevé à 15 k£. Enfin, les complémentaires de retraite d’entreprises seront moins orientées vers des systèmes de versement par annuités, qui ont souffert de la baisse des taux directeurs. George Osborne a affirmé vouloir d’un État moins paternaliste qui laisse aux épargnants le soin de décider de toucher leurs plans de retraite en une seule fois avec une fiscalité amoindrie. Cette nouvelle souplesse dans l’accès aux retraite devrait générer des rentrées fiscales supplémentaires estimées à 3 Mds £ d’ici à mars 2019.

La CBI (Confederation of British Industries), l’équivalent britannique du Medef, estime que "ce budget va mettre du vent dans les voiles" de l’investissement. Les Assises de la fiscalité qui s’achèvent ces jours-ci en France permettront de savoir si le vent se lèvera également pour les entreprises françaises.

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