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10/12/2008

Statistiques ethniques : pour ou contre ?

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 Philippe Manière
Auteur
Président-fondateur de Footprint > consultants

La commission Veil devrait rendre son rapport dans quelques jours. Il y sera question de diversité avec cette interrogation en toile de fond : comment faire valoir cette diversité dans la Constitution…

La mission de la commission Veil Il y a presque un an, Simone Veil a été chargée par Nicolas Sarkozy de travailler à la rédaction d’un nouveau préambule de la Constitution, l’objectif étant de permettre une politique active qui faciliterait l’intégration des citoyens français d’origine étrangère.

Les statistiques ethniques rejetées Officiellement, les conclusions ne sont pas connues, mais il y a des fuites et il semble que l’on s’oriente vers le refus de ce que l’on appelle les « statistiques ethniques ». C’est le Figaro qui l’affirmait hier : la Commission juge ces statistiques « inutiles » et pense en outre qu’elles présentent « des dangers pour l’unité nationale ».

Pas d’égalité des chances Il est certain que chacun préfèrerait se passer de ce comptage, si l’on ne fait rien, nous nous bercerons éternellement cette espèce de fiction délicieuse qui nous est enseignée à l’école : la République est aveugle aux différences, elle ne veut pas en connaître. Pourtant, la réalité est toute autre. La France connaît des problèmes d’intégration, avec, osons le dire, une très forte surreprésentation des minorités visibles parmi les chômeurs, et trop peu de beurs et de blacks parmi les élites.

Les statistiques ethniques ailleurs La vraie question posée par la Commission est la suivante : faut-il ouvrir la boite de Pandore et courir le risque de la fragmentation de la société entre groupes ethniques ? Il est évident que personne n’est pressé de se retrouver dans une espèce de subdivision à l’anglaise, avec trois catégories de blancs, les Anglais, les Irlandais, et les autres ! Mais les excès commis ailleurs nous empêchent-ils d’agir ? Autant découper la société en des dizaines de petits groupes n’a aucun sens, autant s’intéresser aux « minorités visibles » est incontournable pour éviter la ségrégation. Ce débat, est légitime, il a d’ailleurs eu lieu partout où on a mis en place ce travail statistique : aux Etats-Unis, mais aussi au Québec, au Brésil, en Inde, en Colombie, en Suède, etc.

Bien sûr, il faut refuser les quotas, car ils ne font pas partie de notre tradition méritocratique. Il faudra également être extrêmement prudent, travailller sur l’anonymat, l’autodéclaratif… Mais ne rien faire reviendrait tout simplement à montrer de l’indifférence pour ceux qui en sont victimes.

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