Rechercher un rapport, une publication, un expert...
L'Institut Montaigne propose une plateforme d'Expressions consacrée au débat et à l’actualité. Il offre un espace de décryptages et de dialogues pour valoriser le débat contradictoire et l'émergence de voix nouvelles.
21/11/2013

Sondage exclusif : Regards croisés sur les relations franco-allemandes, l’Union européenne et l’espace méditerranéen

 Institut Montaigne
Auteur
Institut Montaigne



A l'occasion du 4ème Forum de Genshagen pour le dialogue franco-allemand sur le thème "L'Union européenne et la Méditerranée : Quelles attentes réciproques, quelles perspectives  communes ?", la Fondation Genshagen et l'Institut Montaigne ont confié à l'Institut Harris Interactive la réalisation d'un sondage en Allemagne et en France à partir d'échantillons représentatifs des habitants des deux pays afin de les interroger sur leur perception de l'espace méditerranéen, la lecture qu'ils font des conséquences des "Printemps arabes" et l'avenir des relations entre rives Nord et Sud de la Méditerranée.

Quels regards portent les Allemands et les Français sur la position de l’Union européenne et de ses pays membres depuis les premiers mouvements qui ont secoué les pays arabes en décembre 2010 ? Quels impacts ont-ils eu sur leurs perceptions de l’espace méditerranéen ? Les populations allemande et française soutiennent-elles la perspective d’un approfondissement des relations politiques, économiques ou sociales avec ces pays ? Sont-elles confiantes ou inquiètes de leur évolution ?

Comme chaque année depuis 2011, la première partie de ce sondage est un baromètre de la relation franco-allemande : il mesure les évolutions de la perception de la relation entre nos deux pays [1].

Les principaux enseignements :

  • La relation franco-allemande

Plus de 9 Français interrogés sur 10 mentionnent spontanément l’Allemagne comme le partenaire le plus important de la France parmi les pays de l’Union européenne. La réciproque est vraie également pour un peu plus de 8 Allemands interrogés sur 10, qui citent la France comme le partenaire privilégié de leur pays. Notons que cette citation réciproque de l’Allemagne par les Français et de la France par les Allemands est en progression forte et constante depuis la première vague de ce baromètre, réalisée en 2011.

  • Le rôle du couple franco-allemand pour la construction européenne

Les personnes interrogées indiquent que les relations franco-allemandes revêtent une grande importance pour l’avenir de l’Union européenne. Ces chiffres connaissent une hausse significative suite à la légère baisse enregistrée en 2012, signe que le dialogue franco-allemand demeure une pierre angulaire de la construction européenne aux yeux des habitants des deux pays. La note attribuée à la qualité de la relation franco-allemande est également en hausse depuis l’année dernière, surtout auprès de la population allemande.

Si le couple franco-allemand est perçu comme plus important et sa situation plus apaisée que l’année dernière, il n’en est pas de même vis-à-vis de l’Union européenne. En effet, une part croissante des Français (40%, soit +11 points par rapport en 2012) et d’Allemands (44%, soit +14 points) interrogés souhaitent que l’Union européenne dispose de moins de prérogatives au profit d’une plus grande souveraineté des Etats.

  • La France et l’Allemagne, l’Union européenne et l’espace méditerranéen

Avec quel pays de l’espace méditerranéen développer des liens plus étroits ?

Près d’un Allemand interrogé sur deux et plus d’un Français sur trois souhaitent que l’Union européenne n’approfondisse ses relations avec aucun des pays de l’espace méditerranéen. Parmi les pays cités par les personnes interrogées, les Français mentionnent le Maroc (36%), la Turquie (28%) et l’Algérie (23%), tandis que les Allemands placent la Turquie en première position (31%) puis Israël (25%) et l’Egypte (18%). Si le sondage révèle également qu’une majorité absolue des personnes interrogées en Allemagne comme en France souhaite que la Turquie joue un rôle plus actif entre l’Union européenne et les pays de l’espace méditerranéen, peu souhaitent son entrée dans l’UE (13 % pour les Français, 15 % pour les Allemands).

Le sentiment de proximité vis-à-vis des pays de l’espace méditerranéen

Que ce soit sur le plan culturel, économique, politique, social ou encore en termes de mode de vie, les Français et les Allemands interrogés ne manifestent pas un fort sentiment de proximité vis-à-vis de ces pays. Les sondés se sentent davantage proches de ces pays sur le plan géographique (66 % pour les Français, 53 % pour les Allemands interrogés) et dans une moindre mesure, sur le plan historique (46 % pour les Français, 36 % pour les Allemands interrogés). Notons également que 23 % des Français et 29 % des Allemands ayant participé à ce sondage ont répondu ne se sentir proche de ces pays sur aucune des dimensions proposées.

Visibilité, sentiment de proximité et craintes exprimées suite au "Printemps arabe"

Les révoltes du "Printemps arabe" ont permis à un peu plus de la moitié des populations interrogées de mieux comprendre la situation des pays de l’espace méditerranéen, mais n’ont pour autant pas vraiment permis d’accroître le sentiment de proximité avec eux (35% pour les Français et 38% pour les Allemands interrogés). Selon les sondés, elles ont surtout eu pour effet d’accroître les flux migratoires en direction de l’UE (respectivement 68% et 78%) et d’accroître les risques terroristes dans les pays de l’UE (58% dans les deux pays). Notons également que pour 52% des Français et 54% des Allemands les suites du "Printemps arabe" vont de pair avec un développement progressif des processus et institutions démocratiques dans ces pays.

Soutien direct, indirect, ou pas du tout ? Formes d’intervention souhaitées dans le cadre du "Printemps arabe"

Un quart des Français interrogés considèrent que leur pays a apporté un soutien trop appuyé aux populations civiles impliquées dans les révoltes du "Printemps arabe", tandis que 32% des Allemands interrogés ont le sentiment inverse. 59% des Allemands interrogés déclarent qu’ils auraient souhaité une intervention de l’Allemagne sous une forme directe ou indirecte dans le cadre du "Printemps arabe", contre 48% des Français interrogés. 52% de ces derniers considèrent que la France n’avait pas à intervenir ou est suffisamment intervenue, contre 40% des Allemands interrogés. Ces derniers sont plus nombreux toutefois à indiquer qu’ils auraient souhaité que l’Allemagne intervienne en formant la police et l’armée dans les pays avec de nouveaux pouvoirs en place (24%, pour 13% en France), ou en accueillant des réfugiés sur leur sol (22%, pour 7% en France).

Seul une personne interrogée sur quatre fait preuve d’optimisme concernant l’avenir des pays ayant connu le "Printemps arabe", qu’il s’agisse de leur avenir économique ou de leur avenir politique et social. En effet 72% des Français et 74% des Allemands interrogés sont pessimistes quant au développement économique de ces pays, et respectivement 75% et 73% le sont quant à leur développement politique et sociétal. Mais cela n’empêche pas une majorité de Français et trois-quarts des Allemands interrogés de souhaiter que leur pays respectif approfondisse les liens économiques et politiques avec ceux de l’espace méditerranéen. Toutefois, cet approfondissement, bien que jugé important, n’est pas perçu comme prioritaire et une indécision existe quant à l’échelon politique le plus pertinent pour initier et mettre en œuvre ces relations : celui, bilatéral, des Etats-membres (44% des Français et des Allemands interrogés), ou celui, à la fois régional et plus global, de l’Union européenne (56 % des Français et des Allemands interrogés).

Consulter le sondage
Consulter la Note
Consulter le programme

Recevez chaque semaine l’actualité de l’Institut Montaigne
Je m'abonne