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26/11/2008

SDF et mal logés : le Dal sanctionné, l'Etat doit mieux faire

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 Philippe Manière
Auteur
Président-fondateur de Footprint > consultants

L’association Droit au logement (Dal) vient d’être condamnée à verser une amende de 12 000 euros pour avoir installé des tentes sur la voie publique dans le cadre de son opération pour les mal logés, rue de la Banque à Paris, l’an dernier. Cette décision provoque de vives réactions dans le milieu associatif.

Sanction contre la désobéissance civique L’annonce de cette condamnation a suscité un véritable déferlement de protestations, non seulement dans le milieu associatif, mais aussi de la part des politiques. La seule personne qui a refusé de se livrer à un commentaire n’est autre que la ministre du Logement, Christine Boutin… On peut pourtant comprendre la position des militants associatifs qui évoquent le risque de pénalisation de leur action. D’ailleurs, les Enfants de Don Quichotte qui avaient planté des tentes le long du canal Saint-Martin ont également été condamnés… à la confiscation de leurs tentes.

Place à l’action publique Martin Hirsch n’a sans doute pas tort d’affirmer que : "Les associations comme Emmaüs ou le Dal ont toujours eu l'habitude de secouer les pouvoirs publics par des actions spectaculaires, quelquefois excessives". Et si l’opinion publique est désormais très sensibilisée à cette cause, l’action publique ne suit pas. Ainsi, notre système d’aide au logement coûte 30 milliards d’euros par an à l’Etat, alors que le résultat n’est pas des plus probants.

Des appartements inaccessibles Un des principaux points de blocage dans l’accès au logement pour les plus modestes provient du fait qu’il devient de plus en plus difficile de se loger sur le marché privé. En effet, les propriétaires sont extrêmement exigeants sur les références. On peut les comprendre lorsque l’on sait qu’en France il est presque impossible d’expulser un locataire qui ne paie pas son loyer. Sur ce point, nous pourrions nous inspirer du Québec qui a remis à plat son système avec des résultats intéressants. Les locataires n’ont pas besoin de justifier de leurs revenus mais, en contre-partie, les propriétaires ont plus de facilité pour faire expulser un mauvais payeur. Au final, le Québec connaît nettement moins de problème de logement…

Pas de place dans les HLM Il existe par ailleurs une vraie pénurie de places disponibles en HLM. Ce qui est étrange, c’est que le parc français est énorme, avec ses 4,3 millions de logements ! Il faudrait en construire davantage, c’est certain. Mais, 20 % au moins des locataires des HLM n’ont rien à y faire. Il existe, d’une part, un peu de favoritisme et de clientélisme ici et là. D’autre part, la France se heurte à un énorme problème d’immobilité. Lorsque l’on a accédé à un logement HLM, on ne le lâche plus, précisément parce qu’il est difficile de trouver un appartement accessible dans le privé. Par conséquent, il n’y a pas assez de places pour les plus démunis !

Pour dégeler cette situation, l’Institut Montaigne propose deux idées :

1. moduler les loyers des HLM en fonction des revenus des locataires, afin d’inciter les moins modestes à s’installer dans le parc privé

2. Et en même temps, réserver une partie de l’offre privée à loyer maîtrisé à ceux qui quittent leur HLM.

Un toit c’est un droit, à l’Etat de se montrer audacieux pour parvenir à rendre ce droit applicable.

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