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25/11/2008

Relance : la locomotive allemande

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Un sommet franco-allemand s’est tenu hier à Paris. L’occasion pour Angela Merkel et Nicolas Sarkozy, une fois de plus, d’exposer au grand jour leurs désaccords.

Un contexte disharmonieux Chacun sait que, sur le plan personnel, la relation entre les deux chefs d’Etat est des plus fraîches. La crise financière n’a fait qu’empirer les choses. Les tergiversations de la chancelière avaient en effet retardé d’une semaine l’adoption d’un plan concerté de sauvetage des banques…

D’accords en désaccords Le communiqué, publié à l’issue de la rencontre, annonce triomphalement que les deux pays ont convenus de travailler main dans la main… Mais au-delà des mots et des apparences, « travailler main dans la main » ne semble pas vouloir signifier grand chose. Il est avant tout ressorti des conversations d’hier un refus commun de baisser la TVA, à l’instar des Anglais, et la promesse mutuelle de travailler davantage et conjointement pour favoriser l’innovation. En réalité, le seul sujet concret abordé par Nicolas Sarkozy et Angela Merkel a été un sujet de désaccord, puisque la France voudrait soutenir son industrie automobile tandis que l’Allemagne se méfie des distorsions de concurrence et insiste beaucoup pour que Paris ne fasse rien dans son coin sur ce sujet…

Le meilleur élève de la relance Concrètement, donc, la France a demandé à l’Allemagne (à mots à peine couverts) de servir de locomotive à l’Europe. Or, l’Allemagne ne veut pas jouer ce rôle, ou, tout au moins certainement pas sans modalités préalablement convenues. Ce réflexe d’autoprotection se comprend d’autant mieux qu’on connaît l’ampleur de l’effort qu’elle a fourni pour réduire son déficit depuis 5 ans. Fin 2007, le budget fédéral a frôlé l’équilibre, alors que la France continuait à dépenser toujours davantage.

Se sacrifier pour dépenser Par conséquent, si les Allemands sont les mieux placés pour relancer la croissance, on comprend aisément qu’ils n’aient pas envie d’avoir eu à faire tant de sacrifices pour, au final, creuser de nouveau un déficit afin de doper la demande et nous permettre, à nous, Français, d’exporter chez eux. Et pourtant, il existe une bonne raison de penser que ce schéma, en apparence inique, ait sa logique : les Allemands ont besoin et envie d’améliorer leur pouvoir d’achat, car ils sont las de voir leurs revenus stagner.

Par conséquent, politiquement, Angela Merkel pourrait avoir fort à gagner à lâcher un peu du lest ! Mais en contrepartie, il va falloir que nous, Français, nous fassions des concessions afin de ne pas apparaître simplement sous les traits de la cigale qui vient quémander auprès de la fourmi quand la bise est venue…

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