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14/09/2016

Réinvestir pour la sécurité nationale

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Réinvestir pour la sécurité nationale
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Les 5 et 6 septembre 2016 s'est tenue la quatorzième Université d'été de la Défense. Le Premier ministre Manuel Valls y a réaffirmé son souhait d'augmenter le budget de la Défense pour le porter à 2% du PIB « et peut-être plus ». Un objectif également partagé par le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian. Le rapport de l'Institut Montaigne Refonder la sécurité nationale plaide pour un effort supplémentaire pour la sécurité de la France, à l'instar de ce qui a récemment été engagé au Royaume-Uni (Strategic Defence and Security Review de novembre 2015) et en Allemagne (Livre blanc de la Défense adopté en conseil des Ministres le 13 juillet 2016).

La nécessaire augmentation des moyens financiers de la Défense

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Depuis les années 2000, les engagements des armées n'ont cessé de se multiplier, dans des opérations extérieures (Sahel, Syrie, Irak, etc.), puis sur le territoire national, avec le dispositif Sentinelle. À budget constant, le modèle de l’armée française n’est plus soutenable.

Malgré ce contexte géopolitique complexe, le budget français consacré à la Défense a été considérablement réduit depuis cinquante ans : de 5,44 % du PIB en 1961, il est passé à 1,44 % en 2015. La réduction des effectifs et des moyens s’est accélérée après la crise de 2008, notamment pour faire face au rééquilibrage des comptes publics. Il en résulte un important déficit dans des capacités clés telles que l’aéromobilité, le ravitaillement en vol, les drones ou la cyberdéfense.

L’accroissement des moyens annoncé par le Premier ministre lors de l’Université de la Défense n’est pas une surprise. Elle correspond à un engagement pris par la France au sommet de l’OTAN, à Newport, en septembre 2014. Ce passage d’un budget de 32,7 milliards à 41 milliards en 2020 s’impose pour répondre aux nouveaux défis sécuritaires et permettre aux armées de remplir leurs missions, sur les théâtres extérieurs comme sur le sol national.

Cette augmentation du budget est également rendue nécessaire par la situation à laquelle la Direction générale de l’armement (DGA) fait face aujourd’hui. En raison de programmes d’armement déjà lancés, elle se trouve  en cessation des paiements virtuelle et, à l’horizon de 2022, 4 milliards d’euros devront nécessairement être ajoutés chaque année au budget de la Défense afin de remplir ces engagements. Le défi du financement du renouvellement de l’outil de dissuasion nucléaire dans ses deux composantes, aérienne et sous-marine, motive également la mobilisation de nouveaux moyens. Ce réinvestissement permettra enfin de préparer l’avenir, en consacrant davantage de crédits à la recherche et au développement, notamment pour la robotisation du champ de bataille et la cyberdéfense.

L’accroissement des moyens doit s’inscrire dans une approche globale

L’effort financier, s’il est indispensable, ne pourra suffire à relever les nouveaux défis sécuritaires auxquels nous devons faire face. Il doit s’accompagner d’une redéfinition du cadre stratégique, des doctrines, des modes d’organisation et des structures en charge de la sécurité extérieure et intérieure.

Le continuum « sécurité-défense », dont le Livre blanc de 2008 a dessiné les contours, doit désormais être concrétisé. Les attaques terroristes qui ont frappé le territoire national imposent plus que jamais que la France s’adapte à la nouvelle donne sécuritaire en s’assurant de la mise en cohérence des ressources et de la coordination des différentes structures (militaires, police et gendarmerie nationales, sécurité civile et sécurité privée) et du million de personnes qui concourent à la sécurité nationale.

Dans son rapport Refonder la sécurité nationale, l’Institut Montaigne propose que soit adoptée une Loi d'orientation et de programmation pour la sécurité nationale. Elle validerait un budget de la sécurité nationale à hauteur de 3 % du PIB à l’horizon de 2025, dont 2 % du PIB alloués à la Défense (hors pension) et 1 % du PIB affecté à la sécurité intérieure (police et gendarmerie nationale principalement). Elle inclura également des éléments de programmation pour la justice.

Parce que nous avons changé de monde, la sécurité nationale doit être refondée. Elle doit prendre racine dans une nouvelle stratégie (voir les propositions  1 et 2) et doit devenir l’affaire de tous. Pour cela, la mobilisation des citoyens et des entreprises – en facilitant notamment l’engagement dans la réserve – est indispensable (voir la proposition 7).

Par Marie-Alix Véran pour l'Institut Montaigne
 

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