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27/11/2008

Regroupement des universités : faciliter les échanges et la créativité !

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 Philippe Manière
Auteur
Président-fondateur de Footprint > consultants

Un dossier, au contenu explosif, est sur le bureau de Valérie Pécresse : celui de l'immobilier des universités parisiennes, où il serait question de regroupements. Cet été, un audit a été commandé à ce sujet, et le rapport vient d’arriver. La situation semble des plus complexes…

Les bijoux de la famille universitaire D’une part, le rapport suggère de vendre toutes sortes de biens obtenus par des legs, et engrangés au fil du temps par les Universités. Il est vrai que la chancellerie des Universités pourrait se passer de la villa Finaly à Florence, du domaine de Richelieu en Indre et Loire ou encore des vignobles à Banyuls. Surtout lorsque l’on sait que, dans le même temps, de nombreux bâtiments qui accueillent des étudiants, notamment dans la capitale, sont totalement décrépits.

Un éparpillement insensé D’autre part, au-delà de cette proposition de vente (quasi anecdotique), ce dont on se rend surtout compte, c’est le fait que les universités parisiennes ont grand besoin d’une réorganisation immobilière complète. Aujourd’hui, l’éparpillement est total, avec, de surcroît, des universités imbriquées les unes dans les autres. La Sorbonne en est la caricature parfaite. En réalité, elle désigne des bâtiments que se partagent Paris-I, Paris-III et Paris-IV, s'étend sur des dizaines de sites avec plusieurs propriétaires différents : l'État, la Ville de Paris et même parfois l'Assistance publique. Lorsqu’on fait le décompte, on se rend compte que les 7 universités parisiennes sont disséminées sur 270 sites !

Regroupés pour mieux régner L'idée de Valérie Pécresse consiste donc à limiter l'occupation de chaque bâtiment à une seule université et à regrouper l’ensemble sur un nombre de sites réduit. Cette décision semble d’autant plus pertinente que la localisation définit une bonne partie de l'identité d’un établissement. Stanford, le MIT ou encore l’Institut Polytechnique de Lausanne peuvent avoir des petits établissements essaimés çà et là mais ils ont un site principal, ce qui explique une grande partie de leur visibilité.

S’inspirer des différences Par ailleurs, le regroupement de chaque établissement sur un seul et même site facilite les échanges entre étudiants, entre professeurs et entre disciplines. Or, on sait parfaitement que c’est absolument fondamental pour la créativité et pour la performance universitaire ! A l’Institut Montaigne, nous avons justement observé les points communs entre les grandes universités qui ont un rayonnement mondial, aux Etats-Unis, en Angleterre, en Suisse, etc. Nous nous sommes aperçu qu’elles bénéficiaient toutes d’une véritable interdisciplinarité et d’une réelle unité de lieu. L’étincelle qui fait à la fois les belles aventures entrepreneuriales type Google et les percées scientifiques de taille vient souvent d’une rencontre, tout simplement. Je vous renvoie d'ailleurs à notre dernier rapport sur l'enseignement supérieur : Avoir des leaders dans la compétition universitaire mondiale

Si l’on veut des Universités qui soient véritablement des joyaux, il ne serait pas idiot de s’intéresser d’abord à l’écrin…

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