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26/06/2015

Réformer l’école primaire : une incidence réelle sur les résultats des collégiens

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Réformer l’école primaire : une incidence réelle sur les résultats des collégiens
 Institut Montaigne
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Les collégiens français passaient hier l'épreuve de mathématiques du brevet. C'est l'occasion de rappeler un constat édifiant : le pourcentage d'élèves ayant un niveau faible ou très faible en mathématiques à la sortie du collège a crû de 30% depuis 2008 et le nombre d'élèves de bon niveau a diminué de 18%.

Les derniers résultats de l’enquête CEDRE – qui évalue les compétences des élèves de CM2 et de 3ème en français et mathématiques –, publiés en mai dernier, ont mis en exergue, une fois de plus, les dysfonctionnements dont pâtit notre enseignement primaire qui ne parvient aujourd’hui ni à corriger les inégalités sociales ni à amener le plus grand nombre d’élèves à un niveau suffisant pour sortir du système scolaire avec des qualifications utiles pour la suite.

En CM2, 4 élèves sur 10 ont des acquis fragiles en mathématiques


Bien que les résultats globaux présentés dans cette enquête soient constants entre 2008 et 2014, le nombre d’élèves de CM2 n’ayant pas assimilé les prérequis en mathématiques a augmenté : 42,4% d’entre eux ont une maîtrise fragile, voire de grandes difficultés à résoudre des problèmes classiques (contre 40,5% en 2008), tandis qu’un quart des élèves ne parviennent pas à produire une réponse en autonomie.

Des inégalités criantes qui s’accroissent


L’enquête CEDRE montre également une accentuation des écarts entre les élèves : "les groupes les plus faibles ainsi que les plus performants voient leurs effectifs augmenter, tandis que celui du groupe intermédiaire diminue", notent Etienne Dalibard et Jean-Marc Pastor, auteurs de la note.

Augmentation des écarts de compétences entre les élèves donc, mais aussi augmentation des écarts entre les établissements. Ainsi, "pour les écoles en éducation prioritaire, les effectifs des groupes de bas niveaux augmentent et ceux de hauts niveaux restent relativement stables. C’est le phénomène inverse qui est constaté dans le secteur privé".

Pour que tous les élèves aient les mêmes chances de réussite


Ces résultats sont le reflet d’une maîtrise insuffisante des acquis de base enseignés dès les premières années de la scolarité. En 2010, notre rapport Vaincre l’échec à l’école primaire proposait la garantie d’un socle pédagogique minimum assurant un certain volume d’heures de français et de mathématiques pour tous. Continuer à fermer les yeux sur l’état de l’enseignement primaire français condamne des milliers de jeunes à l’échec scolaire au collège et érode la cohésion sociale de notre pays.

Pourtant, de nombreux travaux ont montré l’efficacité d’une démarche d’enseignement structurée, systématique et explicite, tout en étant adaptée au niveau de chacun, et renforcée pour ceux qui en ont le plus besoin. Si des expérimentations aux résultats prometteurs ont été menées pour l’apprentissage de la lecture, notamment par l’association Agir pour l’École, aucune initiative similaire n’a été engagée pour l’apprentissage de la numération. Le Cnesco (Conseil national de l’évaluation du système scolaire), conscient de ce problème, organisera une conférence de consensus sur la numération en novembre 2015. Elle réunira des experts et des membres de la communauté éducative afin de formuler des recommandations pour améliorer la performance des élèves en mathématiques.
 
Pour aller plus loin :
Vaincre l’échec à l’école primaire, Rapport de l’Institut Montaigne, avril 2010.

Les enquêtes CEDRE sont des outils développés par la DEPP (Direction de l’évaluation de la prospective et de la performance), au sein de l’Éducation nationale. Elles permettent à la fois de dresser un état de lieux des compétences acquises par les élèves de CM2 mais aussi de mesurer l’évolution de ces compétences sur une période de six ans (ici, 2008-2014).

Par Mathilde Duclos pour l’Institut Montaigne

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