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01/12/2016

Référendum en Italie : Matteo Renzi réussira-t-il son pari ?

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Référendum en Italie : Matteo Renzi réussira-t-il son pari ?
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Arrivé au pouvoir en février 2014, le Président du Conseil des ministres italien Matteo Renzi s'est rapidement attelé à ouvrir des chantiers de réformes : marché du travail, système administratif ou encore fiscalité.

En mai 2015, il a modifié la loi électorale italienne en introduisant un nouveau mode de scrutin permettant au parti vainqueur aux élections législatives d’obtenir la majorité absolue à la Chambre des députés.

Pour parachever sa réforme du système politique, Matteo Renzi souhaite à présent mettre un terme au système de "bicamérisme égalitaire" donnant au Sénat le même poids politique que la Chambre des députés au cours du processus législatif.

Une telle modification des institutions italiennes nécessite une réforme constitutionnelle. Ainsi, ce dimanche 4 décembre, les citoyens transalpins sont appelés aux urnes, à l’occasion d’un référendum, pour répondre à la question suivante :

"Approuvez-vous le texte de la loi constitutionnelle relative aux dispositions pour la fin du bicaméralisme paritaire, la réduction du nombre des parlementaires, la maîtrise du coût de fonctionnement des institutions, la suppression du Conseil national de l’économie et du travail et la révision du titre V de la 2e partie de la Constitution, comme approuvé par le Parlement et publié au Journal officiel no 88 du 15 avril 2016 ?"

Vers une réforme de la vie politique italienne ?

Après avoir assuré aux prochains gouvernements de disposer d’une majorité stable, le Président du Conseil souhaite désormais donner davantage de marge de manœuvre au pouvoir exécutif dans la conduite des réformes à mener.

Le projet porté par Matteo Renzi propose de réduire les compétences législatives du Sénat, de transformer cette assemblée en chambre représentant les régions italiennes et de réduire le nombre des membres qui la composent (de 315 actuellement, à 100).

La réforme constitutionnelle comprend également une redistribution des compétences des régions au profit de l’État. Matteo Renzi souhaite ainsi mettre un terme à la dynamique de décentralisation qu’a connue ces dernières années l’Italie, laquelle a rendu complexe la gestion du pays et a engendré une forte augmentation des déficits publics.

Les défenseurs du "non" au référendum mettent en avant la situation paradoxale dans laquelle se trouve le Président du Conseil. Les institutions actuelles permettent au pouvoir exécutif de gouverner avec efficacité le pays puisque Matteo Renzi est parvenu en deux ans et demi à impulser un nombre important de réformes depuis son arrivée au Palais Chigi.

Ces mêmes opposants font valoir les risques constitutionnels que représenterait cette réforme. Selon eux, le schéma institutionnel proposé serait moins démocratique et pourrait favoriser la conflictualité de la vie politique. Enfin, la nouvelle répartition des pouvoirs entre chambre basse et chambre haute porterait en germe des conflits de compétence entre les deux enceintes parlementaires.

Quelles conséquences politiques ?

La victoire du "oui" conforterait la majorité au pouvoir et lui permettrait de poursuivre les réformes. A l’inverse, si le "non" l’emporte, de nouvelles élections législatives seraient probablement convoquées, ce qui pourrait paralyser, une fois de plus, le pays durant plusieurs mois. Après plusieurs tergiversations, Matteo Renzi a confirmé qu’il démissionnerait si le résultat du referendum était négatif. 

A l’échelle européenne, le référendum italien revêt une dimension symbolique forte. Après le  Brexit et l’arrivée au pouvoir de dirigeants populistes en Europe centrale et orientale, le "non" renforcerait un peu plus le poids politique du le Mouvement 5 Etoiles ("Cinque Stelle", M5S), profondément opposé à la construction européenne, qui a déjà remporté la mairie de Rome aux dernières élections municipales.

Enfin, les marchés financiers s’inquiètent d’une Italie en proie à une nouvelle période d’instabilité politique qui fragiliserait un peu plus la situation des banques du pays et augmenterait le risque d’une nouvelle crise au sein de la zone euro. 

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