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23/02/2015

Rallumer la télévision,10 propositions pour faire rayonner l’audiovisuel français - Nouvelle publication

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Rallumer la télévision,10 propositions pour faire rayonner l’audiovisuel français - Nouvelle publication
 Institut Montaigne
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Institut Montaigne

 

L'Institut Montaigne plaide pour une réforme de la production audiovisuelle française : relations diffuseurs-producteurs à bout de souffle, inefficacité des aides publiques et règlementation inadaptée aux évolutions des quinze dernières années. Face à ce constat, le think tank formule dix propositions pour favoriser la créativité du secteur, encourager la prise de risque et faire rayonner l'audiovisuel français.

Un secteur qui n’a pas su s’adapter au double défi d’internet et de l’internationalisation

Les usages des Français évoluent : s’ils regardent en moyenne 3h40 par jour la télévision, la dimension familiale de la consommation télévisuelle diminue au profit d’usages plus individualisés liée au développement d’internet et à la multitude des supports de diffusion (tablettes, ordinateurs, téléphones portables).

Les œuvres étrangères inondent aujourd’hui les écrans, imposant au secteur des standards de production internationaux de plus en plus exigeants qui transforment les goûts du public . Fait peu connu, la France est le seul pays de l’Union européenne où la fiction américaine bat la fiction domestique.

Ainsi, la production audiovisuelle française a progressivement perdu du terrain, à la fois dans le domaine de la fiction et des programmes de flux. Les performances à l’export des programmes audiovisuels français ne sont pas satisfaisantes depuis la fin des années 1990 même si elles ont légèrement progressé au cours des trois dernières années pour atteindre 137 M€ en 2013.

Une règlementation datée qui n’encourage ni l’innovation, ni la consolidation du secteur

Les diffuseurs sont peu incités à innover et à prendre des risques. En effet, les chaînes historiques sont confrontées à une baisse de leurs parts d’audience : entre 1989 et 2012, les diffuseurs historiques (TF1, M6, France 2, France 3 et Canal+) ont perdu trente points de parts d’audience au profit des chaînes de la TNT.

En outre, la réglementation du secteur a favorisé les gains de court terme exclusivement fondés sur l’audience, les droits d’exploitation ayant été jusqu’à aujourd’hui quasi exclusivement détenus par les producteurs. Cette réglementation alimentant la méfiance réciproque entre diffuseurs et producteurs, méfiance contre-productive pour la qualité des œuvres. 

De leur côté, les producteurs n’ont pas consolidé un secteur à la mesure des défis. Le morcellement de la production française, alimenté par des phénomènes de rente, les empêche d’atteindre la taille critique qui leur permettrait de s’imposer sur le marché européen et de prendre des risques. Ainsi, la première entreprise de production française n’occupe que la treizième place en Europe. Il y a environ dix fois moins d’entreprises de production en Allemagne et 40 fois moins au Danemark où 80 % de la production est assumée par quatre entreprises.

Enfin, les institutions et le service public de l’audiovisuel participent à une hiérarchisation culturelle des œuvres audiovisuelles, qui nie les dynamiques de marché. Les programmes de flux (information, sports, jeux, talk-shows, télé-réalité, divertissement) sont exclus des soutiens du CNC, qui représentent chaque année 265 M€, tandis que les documentaires bénéficient d’abondants soutiens publics.

Le secteur public de l’audiovisuel n’a pas joué de rôle de locomotive de l’innovation

Alors qu’il représente la moitié des dépenses en faveur de la production d’œuvres audiovisuelles (409 M€ en 2012), le groupe France Télévisions n’a pas joué un rôle structurant en matière de création audiovisuelle et participe du morcellement du secteur.

La moitié des producteurs qui ont travaillé pour France Télévisions en 2013 – soit 160 sociétés – ont produit exclusivement pour le groupe public.

Répartition des dépenses en faveur de la production d’œuvres audiovisuelles par groupe audiovisuel en 2013 (en M€, total de 828,9 M€)
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PROPOSITIONS
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AXE 1 : FAVORISER LA CREATIVITE DU SECTEUR A TRAVERS LES SOUTIENS PUBLICS

Proposition n° 1 : Réallouer les aides du CNC pour créer trois fonds stratégiques destinés à soutenir massivement les trois leviers de croissance de demain : le numérique, l’international et la promotion des nouveaux talents. 

Avec les fonds des aides sélectives qui seront supprimées (23 M€) et une réallocation d’une partie des aides automatiques (76 M€), l’Institut Montaigne propose de créer trois fonds stratégiques pour la croissance de l’audiovisuel pour un montant total de 100 M€ :
- un fonds pour l’audiovisuel numérique (FAN) ;
- un fonds pour l’internationalisation de l’audiovisuel (FIA) ;
- un fonds pour les jeunes producteurs (FJP).

Proposition n° 2 : Rendre éligible aux aides du CNC tous les genres audiovisuels y compris les programmes de flux et les programmes courts (dont les sketchs).

Proposition n° 3 : Assouplir la définition de l’œuvre d’expression originale française : une œuvre française doit être une œuvre made in France, ce qui implique un auteur employé en France et une production créant des emplois en France.

Proposition n° 4 : Améliorer l’obligation d’exploitation continue d’une œuvre audiovisuelle sur des supports numériques.

AXE 2 : METTRE EN PLACE UNE REGLEMENTATION QUI LIBERE LA PRISE DE RISQUE

Proposition n° 5 : Lisser sur une période de trois ans les obligations de production afin d’alléger la contrainte qui pèse sur les diffuseurs et de permettre des projets de long terme.

Proposition n° 6 : Elargir l’obligation des 120 heures (actuellement 20h-21h) à 18h-23h30, en passant à 240 heures pour favoriser la prise de risque.

AXE 3 : FAIRE RAYONNER L’EXCELLENCE CULTURELLE FRANÇAISE

Proposition n° 7 : Renforcer l’attractivité de la France à l’international, à l’export et sur son territoire en rapprochant TV France International et Unifrance en une seule structure, qui se verrait confier le rôle de promotion des œuvres françaises (cinéma et audiovisuel).

Proposition n°8 : Investir dans la formation des auteurs français afin qu’ils exportent leurs talents en finançant, grâce au FIA une partie de leur formation pour leur permettre d’écrire en anglais et de se former aux nouvelles méthodes d’écriture.

Proposition n° 9 : Définir l’indépendance des producteurs à l’égard des diffuseurs par un critère de droit commun (moins de 50 % détenu par le diffuseur) afin de réduire la fracture entre diffuseurs et producteurs et de favoriser l’émergence de champions nationaux sur la scène internationale.

Proposition n° 10 : Donner un objectif explicite à France Télévisions de consolidation de l’industrie dans le futur contrat d’objectifs et de moyens et renforcer l’objectif de diversité des œuvres (genres) en supprimant l’objectif de diversité des producteurs pour en faire un objectif de diversité des œuvres.

Consulter le rapport et son résumé

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