Rechercher un rapport, une publication, un expert...
L'Institut Montaigne propose une plateforme d'Expressions consacrée au débat et à l’actualité. Il offre un espace de décryptages et de dialogues pour valoriser le débat contradictoire et l'émergence de voix nouvelles.
30/09/2015

Quelle équation budgétaire pour l’université ?

Imprimer
PARTAGER
Quelle équation budgétaire pour l’université ?
 Fanny Anor
Auteur
Ancienne chargée d'études senior



Le Président de la République a déclaré le 17 septembre 2015 à l'université de Saclay, quelques jours après avoir reçu le rapport pour une Stratégie nationale de l'enseignement supérieur (StraNES), que l'enseignement supérieur constituait plus que jamais l'une de ses priorités. Il a notamment fait sien l'un des objectifs phares du rapport : amener 60% d'une classe d'âge dans l'enseignement supérieur. Un engagement qui résonne particulièrement ces derniers jours puisque 65 000 étudiants supplémentaires sont attendus sur les bancs des universités en cette rentrée 2015. Une affluence considérable qui devrait croître encore dans les prochaines années : trois millions d'étudiants ? deux millions et demi aujourd'hui ? seraient en effet attendus en 2020.

Deux syndicats étudiants, l'UNEF et l'UNL, ont récemment créé le Tumblr participatif "Masalledecoursvacraquer" pour dénoncer les conditions d’accueil de ces milliers de nouveaux étudiants. Pourtant, alors que le nombre d’étudiants augmente à nouveau pour la cinquième année consécutive, la dotation versée par l’État aux universités, elle, ne s'est pas accrue.

65 000 nouveaux étudiants, un défi et une opportunité
Si l’accroissement des effectifs concerne presque toutes les académies, cette hausse se répartit inégalement entre les différentes filières. En effet, 40% pèserait sur seulement quatre d’entre elles : la médecine (16,9%), le droit (12,4%), les sciences et techniques des activités physiques et sportives (10,3%) et la psychologie (7,7%). Une "chance" pour la ministre de l’Éducation nationale que les universités vont devoir gérer à moyens budgétaires constants.

Une interrogation budgétaire
Si l’on peut se réjouir que les universités françaises attirent 65 000 nouveaux étudiants à la rentrée, le budget alloué annuellement à l’Enseignement supérieur et à la Recherche n’a pratiquement pas augmenté depuis 2012. Il a même enregistré une baisse notable de -0,3% entre 2014 et 2015. Afin de ne pas mettre en péril la qualité des formations dispensées, les universités se voient contraintes d’envisager de nouvelles pistes pour leur financement.

Alors que la discussion sur le projet de loi de finances pour 2016 débutera le 13 octobre prochain à l’Assemblée Nationale, les premières inquiétudes ont déjà commencé à se faire jour. Najat Vallaud-Belkacem se veut toutefois rassurante. Selon elle, malgré une exigence d’économies qui toucherait de nombreux ministères, le budget de l’enseignement supérieur et de la recherche devrait être épargné… mais aucune augmentation budgétaire n’est en vue pour faire face à l’afflux de nouveaux étudiants.

Une reconfiguration nécessaire de l’université et de ses missions ?
Face à l’urgence que représente l’accueil de dizaines de milliers d’étudiants à moyens budgétaires constants, une redéfinition du modèle économique des universités semble être envisagée par Thierry Mandon lui-même (propos tenus RTL, le 21 septembre dernier). Le secrétaire d’État chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche a notamment évoqué la piste du développement de la formation professionnelle. Dans son étude publiée en avril dernier, "Université : pour une nouvelle ambition", l’Institut Montaigne invitait précisément les établissements d’enseignement supérieur à endosser un rôle plus important dans le développement de leur territoire, notamment en assurant un rôle croissant dans la formation continue.

Recevez chaque semaine l’actualité de l’Institut Montaigne
Je m'abonne