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18/01/2016

Quatre recettes pour relancer l'apprentissage

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Quatre recettes pour relancer l'apprentissage
 Institut Montaigne
Auteur
Institut Montaigne

Tribune de Bertrand Martinot, parue dans le JDD, le 17 janvier 2016.

Ancien délégué général à l'emploi et à la formation professionnelle et auteur de l'étude sur l'apprentissage publiée en mai 2015 par l'Institut Montaigne, Bertrand Martinot propose quatre "recettes" pour "relancer" l'apprentissage déjà adoptées en Allemagne.

 

Dès qu'il est question de "relancer" l'apprentissage, ou du moins d'enrayer sa chute, on ressort généralement de vieilles recettes : on crée une énième incitation à l'embauche (le cas échéant après l'avoir rabotée dans une loi de finances précédente), on mobilise les préfets, on convoque les partenaires sociaux… Si tous ces plans ne fonctionnement pas, c'est évidemment que le problème est ailleurs. Il est dans le positionnement même de l'apprentissage dans notre système de formation initiale : collège unique, orientation par l'échec, rejet de l'apprentissage par une partie de la technostructure de l'Education nationale.

Remettre l'apprentissage au coeur du système éducatif
En résumé, l'apprentissage en France n'est pas considéré comme une voie de formation initiale "normale", mais plutôt comme un instrument parmi d'autres de la politique de l'emploi pour des jeunes en rupture de banc avec l'institution scolaire. L'Allemagne, elle, a choisi de faire de l'apprentissage la voie normale d'accès aux qualifications professionnelles de niveau bac. Au cœur du système éducatif, et non pas rejeté sur ses marges.

Pour parvenir à un résultat comparable, il suffirait d'acclimater en France quelques recettes qui ont fait leurs preuves outre-Rhin.

1/ Faire de l'apprentissage la voie de la formation professionnelle initiale de droit commun. Cela passe corrélativement par la mise en extinction progressive et ordonnée des lycées professionnels, en lien avec les capacités d'absorption des entreprises qui, elles-mêmes, devront investir bien davantage dans l'apprentissage.

2/ Adapter l'enseignement dispensé à la réalité des élèves et de leurs besoins : un enseignement en CFA davantage centré sur les métiers et la technologie, moins sur l'enseignement général.

3/ Développer les formules de préapprentissage (stages en entreprise, écoles de la deuxième chance à partir de 16 ans, création de filières adaptées à l'intérieur même des collèges avant que les élèves ne décrochent définitivement).

4/ Retirer à l'Éducation nationale tout rôle régional dans la gestion et le pilotage de l'enseignement professionnel initial (CFA et lycées professionnels) et le confier à un seul pilote et financeur : la région.
 

Une réforme faite pour les jeunes
Bien entendu, à l'instar de l'Allemagne, les régions devront travailler en étroite coopération avec les partenaires sociaux régionaux et les branches professionnelles pour coller aux réalités des besoins de l'économie. L'Éducation nationale devra se concentrer sur l'élaboration et la maintenance des diplômes, le pilotage et l'animation nationale du système avec les exécutifs régionaux et les branches professionnelles.

On imagine que la plupart des syndicats enseignants seront hostiles à cette réforme. Face à cette bronca, il faudra répondre que cette réforme n'est clairement pas faite pour eux, mais plutôt pour les jeunes. Mais que décentraliser ne signifie pas paupériser : on peut envisager que la rémunération des enseignants du second cycle professionnel soit sensiblement revalorisée. Au vu des comparaisons internationales, cela ne serait que justice !

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