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21/10/2008

Prisons : le retard pris à cause de la crise

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 Philippe Manière
Auteur
Président-fondateur de Footprint > consultants

La crise financière fait des victimes collatérales… et l’agenda parlementaire en ressent les effets : certains textes importants vont être repoussés.

Un calendrier bousculé
A cause de la crise, le programme de réformes sera difficile à tenir. A l’Assemblée, on continue à débattre du Grenelle de l’environnement, puis ce sera le tour du projet de Loi de finances et du projet de loi de financement de la sécurité sociale. Les autres textes, pour l’essentiel, seront repoussés à début 2009.

Loi pénitentiaire en souffrance
Parmi ces textes repoussés, figure le projet de loi pénitentiaire préparé par la garde des Sceaux. Il ne sera examiné qu'à la fin du premier semestre 2009, en raison… des jours passés à soutenir le système bancaire. Soit 6 mois de retard par rapport à ce qui nous avait été annoncé pour le projet de Rachida Dati ! Or, la situation de nos prisons est plus tendue que jamais avec une série de suicides (90ème victime depuis le début de l’année). Sur un plan plus général, ces drames sont révélateurs d’une profonde dégradation de la situation dans nos prisons.

Politiques pénale et pénitentiaire
S’il y a de bonnes choses dans ce projet de loi, la France conserve une politique du tout carcéral qui est à rebours de ce qu’on voit ailleurs. Je pense notamment à la Scandinavie, mais aussi à la Californie où Arnold Schwarzenegger a relâché des milliers de prisonniers il y a quelques mois, afin d’alléger le fardeau des contribuables et réduire la surpopulation carcérale.

Surpopulation carcérale
En France, la surpopulation (rappelons qu’il y a 63 185 détenus pour 51 000 places seulement) est entièrement concentrée dans les maisons d’arrêt où l’on place les condamnés à de courtes peines, et en particulier les primo-délinquants. Cette surpopulation est non seulement attentatoire à la dignité des individus, mais en plus, elle est facteur d’inefficacité. En effet, une première peine, pour être utile, doit être comprise et exécutée dans de bonnes conditions. Or, c’est loin d’être le cas pour l’instant.

Emprisonner moins d’individus
A l’Institut Montaigne, nous pensons qu’il faut limiter le nombre de condamnations à de la prison ferme. Il serait notamment plus utile de développer le bracelet électronique ou d’autres peines de substitution que de se lancer dans une ruineuse politique de construction de nouvelles prisons. Aujourd’hui, la prison surveille et punit, comme aurait dit Michel Foucault. Et c’est normal. En revanche, elle demeure très perfectible pour ce qui concerne la réinsertion…

Espérons que lorsque ce texte viendra enfin en discussion, il sera amendé et que, plutôt que de recruter des gardiens de prison, il permettra de renforcer les rangs des agents de probation et d’insertion. Ces derniers sont aujourd’hui beaucoup trop peu nombreux pour permettre un vrai suivi personnalisé des détenus. Des détenus bien réinsérés et qui ne récidivent pas, il me semble que cela devrait devenir l’objectif central de la prison…

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