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27/05/2013

Près de deux millions de "décrocheurs" en France

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Près de deux millions de
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Dans une Note du Conseil d'analyse économique (1), les économistes Pierre Cahuc, Stéphane Carcillo et Klaus Zimmermann dressent un constat alarmant quant au nombre de décrocheurs en France. Ces jeunes, qui ne sont ni en emploi, ni en éducation, ni en formation (aussi surnommés "NEET" : Not in Education, Employment or Training) représentent en 2013 près de 1,9 million de jeunes, soit 17 % des 15 à 29 ans. En moyenne sur la décennie 2002-2010, la France occupe ainsi la quatrième position des "mauvais élèves" de l'Europe en matière d'emploi des jeunes, après l'Italie, l'Espagne et la Grèce. Parmi ces décrocheurs, près de la moitié (900 000 jeunes) ne cherchent pas d'emploi et sont en quelque sorte les laissés pour compte de notre système éducatif.

Les auteurs replacent ces chiffres dans le contexte d’un taux d’emploi des jeunes structurellement faible en France au cours des trente dernières années. En effet, le niveau d’études joue un rôle décisif sur l’insertion professionnelle et les inégalités d’accès à l’emploi entre les jeunes diplômés et non diplômés se sont renforcées dans le contexte de la crise économique.

Ce déficit d’emploi est lourd de conséquences sur les finances publiques. Au regard des politiques mises en œuvre chez nos voisins européens, les auteurs formulent six propositions pour améliorer la formation des jeunes et leur accompagnement vers l’emploi et pour stimuler l’offre d’emploi des entreprises. Il proposent notamment de recentrer les 2 milliards d’euros de ressources de la taxe d’apprentissage vers les jeunes non diplômés pour lesquels ce mode de formation a la plus grande efficacité, ainsi que de réorienter les emplois d’avenir vers le secteur marchand.

Ces travaux vont largement dans le sens des préconisations de l’Institut Montaigne. La note Choisir les bons leviers pour insérer les jeunes non qualifiés publiée en juin 2012 identifie trois axes de réforme pour développer une politique volontariste sur le long terme, à même de corriger les difficultés structurelles qui pèsent sur l’emploi des jeunes :

  • faire émerger un environnement favorable à l’accueil des jeunes peu qualifiés dans les entreprises, notamment en développant l’alternance à destination des jeunes non diplômés ;
  • assurer une gestion véritablement décentralisée de l’insertion professionnelle des jeunes, par la création d’un guichet unique à destination des jeunes ;
  • refonder l’orientation à l’école.


(1) Pierre Cahuc, Stéphane Carcillo, Klaus F. Zimmermann, "L’emploi des jeunes peu qualifiés en France", Les notes du Conseil d’analyse économique, n°4, avril 2013.

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