Rechercher un rapport, une publication, un expert...
L'Institut Montaigne propose une plateforme d'Expressions consacrée au débat et à l’actualité. Il offre un espace de décryptages et de dialogues pour valoriser le débat contradictoire et l'émergence de voix nouvelles.
07/04/2014

Pour une thérapie de choc

Imprimer
PARTAGER
Pour une thérapie de choc
 Institut Montaigne
Auteur
Institut Montaigne



Dans le dernier numéro de la revue Commentaire(1), Nicolas Baverez, membre du comité directeur de l'Institut Montaigne, invite à repenser le positionnement de la France face à la crise. Dans un véritable plaidoyer pour ce qu'il désigne comme une "thérapie de choc", il appelle les dirigeants français à s'inspirer de l'action du général de Gaulle à son arrivée au pouvoir en 1958. 

Plaidoyer pour une réforme radicale
Selon lui, "seule une thérapie de choc peut aujourd’hui enrayer trois décennies de déclin et opérer le redressement de la France." Aussi pour Nicolas Baverez "l’expérience de 1958 confirme ainsi que ce sont les réformes qui créent la croissance". Dernière la mise en avant du parangon gaullien, il souligne la nécessité de réformes ambitieuses, condition sine qua non du retour de la croissance. Cette harangue pour le volontarisme politique se double de la désignation de pistes de réformes à emprunter. Pour cela, il appelle de ses vœux une action inspirée de celle du général de Gaulle – qui "a produit la plus belle décennie de croissance de la France" –, exigeant d’actionner tous les leviers de la politique économique : monnaie, budget, épargne, investissement, stratégie industrielle, innovation et ouverture internationale.

Les enseignements de 1958

Nicolas Baverez invite à la mise en œuvre d’une "thérapie de choc", seule alternative permettant d’après lui d’initier un véritable redressement de l’économie. Il n’enjoint pas de transposer en 2014 l’expérience gaullienne de 1958, mais exhorte nos dirigeants à "s’inspirer d’un état d’esprit et d’une méthode". Partant il défend l’émergence d’une "voie française dans la mondialisation", qui induit la prise de conscience des atouts français, afin d’en faire des marchepieds vers une compétitivité retrouvée : démographie, capital humain, épargne abondante, excellentes infrastructures, système énergétique performant, présence diplomatique mais aussi "un mode de vie et une civilisation exceptionnels". Nicolas Baverez signale alors cinq "pactes", propres à rendre efficiente cette "thérapie de choc" :
-    un pacte productif : hausse du taux de marge des entreprises et choix d’une croissance reposant sur l’investissement, l’innovation et l’exportation ;
-    un pacte social : sortie des 35 heures et flexibilité du marché du travail ;
-    un pacte budgétaire : diminution des dépenses publiques de 100 milliards d’euros en cinq ans ;
-    un pacte citoyen : réintégration des jeunes et des immigrés dans le marché du travail et la société ;
-    un pacte européen : coopération étroite avec l’Allemagne, réforme des institutions, de l’euro...

Enfin, cette "thérapie de choc" doit s’ancrer dans une transformation du modèle économique et social, qui outre les mesures énoncées précédemment, doit faire le pari du redéploiement vers les Émergents et de l’essor de la francophonie, de façon à recouvrer puissance et influence mondiale. 

Si Nicolas Baverez n’appelle pas à une reproduction à l’identique de l’aggiornamento gaullien, il indique que "l’ultime leçon de 1958, c’est qu’il ne faut pas laisser perdre le potentiel de changement que recèlent les grandes crises" et met en garde contre "les réformes progressives à l’image de la longue litanie de celles qui touchent les retraites (et) alimentent l’incertitude et la défiance".

"Le marché commun, nous y entrerons, oui, mais debout", cette formule du général de Gaulle reste éminemment actuelle. S’il livre le constat d’un déclassement de la France depuis les années 1970, Nicolas Baverez nous rappelle que ce déclin n’est pas inexorable. La France peut, et doit, s’inscrire pleinement dans la mondialisation ; mais elle doit le faire en restant "debout". Les atermoiements politiques doivent laisser place à des réformes courageuses pour que la France retrouve enfin croissance et influence dans un monde globalisé.

(1) Nicolas Baverez, "Éloge d’une thérapie de choc", revue Commentaire, volume 37/ numéro 145, printemps 2014.

Recevez chaque semaine l’actualité de l’Institut Montaigne
Je m'abonne