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07/07/2015

Politique du logement : faire sauter les verrous - Nouveau rapport

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Politique du logement : faire sauter les verrous - Nouveau rapport
 Institut Montaigne
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Institut Montaigne



Avec 41 Mds' d'aides de l'Etat en 2013 ? soit près de 2% du PIB de la France ? et une ponction fiscale de 63 Mds' pour la même année, le secteur du logement est au croisement des enjeux de croissance, d'emploi et de pouvoir d'achat et au c'ur de l'agenda politique des gouvernements successifs. Même s'ils ne sont pas inexistants, les résultats n'apparaissent pas à la mesure des moyens mis en ?uvre. État des lieux d'une politique publique qu'il est urgent de réformer.  

Les politiques conduites depuis 30 ans, outre leur coût peu soutenable à terme, ont induit une prolifération de contraintes juridiques et normatives, un grand nombre de freins à l’offre (régime des baux d’habitation, droit de l’urbanisme) ainsi qu’un alourdissement de la fiscalité.

L’intervention publique apparait souvent confuse, voire parfois contradictoire : elle vise en effet à la fois à corriger les imperfections du marché, à favoriser la redistribution de richesses, à promouvoir la mixité sociale ou l’accession à la propriété tout en soutenant un secteur d’activité sensible à la conjoncture.

Pourquoi cette sollicitude constante des autorités publiques et l’ampleur des moyens mobilisés produisent-elles des résultats aussi décevants ? Quelle contribution le secteur du logement doit-il par ailleurs apporter aux efforts indispensables de réduction de la dépense et des déficits publics ?

Depuis 1996, les prix des logements anciens ont quasiment été multipliés par 2,5 en métropole. Si ce contexte général masque de très fortes disparités selon les territoires, l’augmentation des prix du logement a un impact :
- sur le pouvoir d’achat des ménages, avec notamment l’éviction des jeunes générations du marché de l’accession dans certaines agglomérations ;
- sur l’emploi : la difficulté de se loger aux alentours de certains bassins d’emploi peut avoir des effets néfastes sur l’accès à l’emploi ;
- sur la croissance dans le BTP, secteur à haute consommation de main d’œuvre, et donc sur l’économie en général.

Si les loyers ont connu une évolution plus contenue, le marché locatif tant social que privé est également marqué par une insuffisance de l’offre, en particulier dans les zones en tension.

Les propositions élaborées par le groupe de travail s’efforcent de gommer des contraintes administratives et réglementaires fortes, que l’intervention publique a générées au fil du temps. On peut citer par exemple :
- une gouvernance locale inadaptée aux « bassins de vie » ;
- des rapports bailleurs/locataires déséquilibrés ;
- l’accumulation de normes (près de 4 000 normes), souvent mal ciblées, qui pénalise l’effort de construction ;
- une mobilité résidentielle insuffisante.

Les propositions de l'Institut Montaigne

L’allègement des contraintes budgétaires et fiscales, ainsi que de la réglementation, doit permettre de réduire les dépenses d’intervention publique tout en améliorant les résultats de la politique du logement. Par ailleurs, pour déterminer les dépenses qu’il convient de réduire de façon prioritaire, il faut s’attacher à éliminer autant que possible les effets d’aubaine, c’est-à-dire les dépenses budgétaires ou fiscales dont bénéficient des intervenants qui auraient agi même sans aide. Il importe en revanche de bien cibler sur les publics prioritaires (ménages à revenu modeste) les mesures d’intervention qui doivent être conservées.


Repenser une nouvelle gouvernance

1- Transférer la délivrance des permis de construire aux intercommunalités et systématiser les PLUi.
2- Limiter aux seules zones protégées la possibilité d’une action en démolition suite à une annulation du permis de construire par le juge administratif pour ne pas bloquer les projets de construction par des recours dilatoires.
3- Intéresser les collectivités locales aux plus-values d’urbanisme captées par les propriétaires fonciers en systématisant la taxe forfaitaire sur la première cession à titre onéreux de terrains nus rendus constructibles.
4- Rationaliser les outils d’aménagement dépendant des territoires ou de l’Etat afin d’augmenter rapidement l’offre foncière

Assouplir et stabiliser  la réglementation sur le marché locatif
5- Mettre fin aux dispositifs d’encadrement des loyers, lors de la conclusion d’un nouveau bail.
6- Renforcer les pouvoirs des commissions départementales de conciliation en leur donnant la possibilité d’établir, dès les premiers impayés, un plan d’apurement de la dette et développer la conciliation judiciaire.
7- En dernier recours, rendre plus effectives les procédures d’expulsion en rendant obligatoire une justification expresse et motivée du préfet en cas de non octroi de concours de la force publique dans un délai de deux mois après une saisine d’un propriétaire se prévalant d’une décision de justice prononçant l’expulsion.

Réformer la fiscalité pour faciliter les mobilités résidentielles
8- Créer des taux marginaux progressifs de droits de mutation à titre onéreux.
9- Moderniser l’assiette de taxation sur la détention et l’occupation en révisant les valeurs locatives cadastrales. À terme, une fiscalité modernisée sur la détention devrait se substituer à une taxation des transactions.
10- Baisser significativement les frais d’inscription hypothécaire en garantie de tout crédit immobilier finançant le logement

Réduire les coûts de construction par une simplification normative
11- Développer l’expérimentation de la mise en place d’une norme avant sa généralisation et veiller à adapter les normes au contexte et à la géographie des territoires.
12- Déclasser massivement les dispositions législatives du code de la construction et de l’habitation qui relèvent en réalité du domaine réglementaire, pour pouvoir modifier de nombreuses normes sans avoir à passer par le Parlement.

Fluidifier les parcours entre le parc locatif et le parc privé
13- Renforcer le dispositif des suppléments de loyers afin de rendre les loyers plus progressifs et de mieux suivre l’évolution des revenus du ménage, en l’appliquant dès le premier euro de dépassement des plafonds de ressources.
14- Dans le parc social, généraliser la limitation de la durée des baux à 6 ans renouvelables après réexamen du dossier du locataire, sous condition de ressources et en prenant en compte les évolutions de patrimoine.
15- Assurer la « fongiblité » entre les différents types de contingents de réservations afin de fluidifier le marché et d’encourager la mobilité interne.
16- Développer la publication en ligne des offres de logements sociaux disponibles.

Rationaliser les interventions de l'État
17- Supprimer le bénéfice des APL pour les étudiants non-boursiers.
18- Développer et faciliter la vente de logements HLM aux occupants en supprimant l’autorisation préalable du préfet
19- Accroître de 50 % à 80 % la prise en charge des sinistres par l’État dans le cadre des prêts du fonds de garantie de l’accession sociale.
20- Simplifier et stabiliser les aides apportées aux ménages en matière de rénovation énergétique par la création d’un dispositif de soutien aux seuls ménages à revenus modestes. Restreindre très fortement, voire supprimer, le crédit d’impôt pour la transition énergétique.

En savoir plus :
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