Rechercher un rapport, une publication, un expert...
L'Institut Montaigne propose une plateforme d'Expressions consacrée au débat et à l’actualité. Il offre un espace de décryptages et de dialogues pour valoriser le débat contradictoire et l'émergence de voix nouvelles.
17/12/2015

Penser l’Europe de la défense au Forum de Genshagen

Imprimer
PARTAGER
Penser l’Europe de la défense au Forum de Genshagen
 Institut Montaigne
Auteur
Institut Montaigne
Un forum "d'une tragique mais indéniable actualité" (Claude Bartolone, Président de l'Assemblée nationale)


Les participants à l'exposé d'ouverture : "Jouet ou puissance capable de modeler son environnement ?  L'Union européenne et la sécurité en Europe", 26 novembre 2015 ? de gauche à droite : Laurent Bigorgne, directeur de l'Institut Montaigne, Philippe Etienne, ambassadeur de France en Allemagne.

La sécurité européenne était le thème du sixième forum franco-allemand à la Fondation Genshagen (Allemagne), qui s'est tenu les 26 et 27 novembre 2015, soit treize jours après les attentats de Paris et de Saint-Denis.

Précédée d’une minute de silence en hommage aux victimes des attentats, l’ouverture du forum par Philippe Etienne, ambassadeur de France en Allemagne, était empreinte de gravité : "rarement l’Europe n’a été confrontée à d’aussi graves crises faisant trembler ses fondations". La multitude de ces crises (terrorisme, crise de la zone euro, réfugiés, crise ukrainienne) complexifie les discussions entre États-membres.

Deux ateliers, l’un portant sur les conséquences de la crise ukrainienne et l’autre sur le rôle de l’Europe dans le processus de développement du continent africain, sont venus enrichir les débats. Les participants au forum ont ainsi pu contribuer à l’élaboration de propositions recensées dès le lendemain, mais aussi à l’identification de questions clés : l’Europe bénéficie-t-elle d’une organisation de sa sécurité à géométrie variable ? Ou encore : comment l’Europe peut-elle contribuer à la stabilisation et la sécurité dans son voisinage ?

Les réponses à ces questions varient selon la perception qu’ont les différents pays du rôle de l’Europe et font écho à une question posée par Philippe Etienne dans son propos liminaire : doit-on, finalement, envisager l’Europe comme un organe permettant de maintenir la paix (peacekeeper) ou de promouvoir la paix (peacemaker) ?

L’avenir de l’Union européenne en matière de sécurité : un plaidoyer pour le pragmatisme

genshagen-1.jpg
Pierre Vimont, ambassadeur de France, ancien secrétaire général du Service européen pour l’action extérieure  (SEAE), château de Genshagen, le 26 novembre 2015.

Si une réflexion doit désormais s’engager sur la construction d’une Union européenne de la défense, il paraît inenvisageable qu’elle se substitue à l’OTAN dans un avenir proche. Une solution réaliste doit être envisagée qui tienne compte du fait que  l’Europe ne peut être présente sur tous les théâtres d’opérations en même temps. L’Union européenne de la défense ne pourra cependant pas émerger en-dehors de l’OTAN, qui demeure la base de la défense collective de l’Union et l’instance de sa mise en œuvre.

Pour Pierre Vimont, l’Union européenne doit prendre le temps d’identifier ses priorités et faire en sorte que la volonté politique se prolonge et soit continue. Cet exercice requiert une définition claire des missions de l’Europe autant qu’une réelle prise de conscience de ses enjeux géostratégiques.

Entre guerre et terreur : quelle sécurité européenne après le 13 novembre 2015 ?

L’Union européenne est-elle capable d’apporter une solution à la hauteur de la crise de sécurité actuelle ?

Pour les panélistes de l’exposé final du forum de Genshagen, elle échoue aujourd’hui à remplir cette mission. L’Union européenne est perçue comme incapable de penser en situation de post-conflit – et ce depuis la fin des tensions entre l’Est et l’Ouest. Le confort dans lequel elle s’est installée doit cesser, selon le président de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), qui appelle à une harmonisation des politiques de sécurité des États-membres.

Mais, comment accepter une perte de souveraineté à un moment où les États-membres échouent à identifier les priorités communes qui doivent être partagées en matière de sécurité ? C’est le propos tenu par Maxime Lefebvre, ambassadeur et ancien représentant permanent de la France auprès de l’OSCE, qui préfère envisager des interventions dans le domaine civil, au moyen d’opérations européennes coordonnées menées par des policiers et des douaniers.

genshagen3.jpg
Les participants à l’exposé final le 27 novembre 2015 - de gauche à droite : Maxime Lefebvre, ambassadeur et ancien représentant permanent de la France auprès de l’OCDE à Paris, Isabelle Maras, chargée de projets à la Fondation Genshagen et Michel Georg Link, directeur du Bureau de l’OSCE pour l’ODIHR.

Dans l’environnement politique actuel, sujets intérieurs et extérieurs s’entremêlent. Cette imbrication s’est encore renforcée lors des mois de novembre et décembre, après que la France a décrété l’état d’urgence le 14 novembre 2015.

L’intensité de la menace suite aux attentats du 13 novembre 2015, a accru la difficulté pour l’Union européenne à gérer les crises sécuritaires, bien qu’il ne s’agisse pas d’une problématique nouvelle. Au contraire, ce sujet récurrent s’ancre dans une tendance qui agite les pays européens depuis plusieurs années. C’est pourquoi l’Europe ne peut s’exonérer d’une réflexion de fond, qui lui permettra de mieux appréhender ces défis et de développer des réflexes, vecteurs de solutions concrètes sur les moyen et long termes ; et ce, tant pour les crises qui ébranlent l’Europe de l’Est, que pour celles qui secouent l’Afrique, ainsi que pour l’ensemble des problématiques de défense extérieure.

Aller plus loin :
L’Europe bénéficie-t-elle d’une organisation de sa sécurité à géométrie variable ? [Compte-rendu atelier 1]
Comment l’Europe peut-elle contribuer à la stabilisation et la sécurité dans son voisinage ? [Compte-rendu 2]
Consulter le programme
Lire le message du Président de l’Assemblée nationale française, M. Claude Bartolone

Recevez chaque semaine l’actualité de l’Institut Montaigne
Je m'abonne